© Paul K'ros
Valenciennes, Le Phénix

Tableaux d’un ailleurs jusqu’alors inconnu…

Ôss de Marlene Monteiro Freitas

par PAUL K’ROS
Publié le 9 décembre 2022 à 10:42 Mise à jour le 6 février 2023

En guise de prologue, sur l’avant-scène du Phénix à Valenciennes, rideau baissé, le spectateur intrigué assiste au curieux manège d’un DJ en tenue de boxeur, bien en jambes et aussi en voix, dont l’objectif semble être de « chauffer » la salle et de préparer l’auditoire à l’étrangeté de ce qui va suivre. Le rideau se lève sur un tableau baroque composé de personnages hétéroclites, un moine Shaolin bouddhiste parfois boudeur, un torero, matador ou non, en habit coiffé de la Montera ; deux officiers de marine guindés dans leur tenue blanche d’apparat, une vigie également photographe juchée sur un promontoire, une danseuse allongée, tremblante, dont le corps se dérobe au moindre effort et mouvement mais dont la voix s’élèvera magnifiquement dans l’espace au son de The man I love , une tête, semble-t-il, d’autochtone d’une île lointaine, dodelinant tristement enchiffonnée, émergeant d’une bassine en zinc laquelle une fois renversée dévoilera un corps sans jambes mais néanmoins spectaculairement véloce… Le tout accompagné d’un paysage sonore où se mêlent, corne de brume, tambour et caisse claire, arias d’opéra, cris et onomatopées à vous couper le souffle… Les tableaux se succèdent, plus inattendus les uns que les autres. On pourrait se croire tour à tour sur le vaisseau amiral d’une expédition coloniale, dans une parade exotique avec éléphanteaux ou dans une cour des miracles surgie d’un ailleurs jusque-là inconnu … Cette fresque surprenante et dérangeante est le fruit de la rencontre entre la chorégraphe Marlene Monteiro Freitas, originaire du Cap-Vert et figure de proue de la nouvelle danse portugaise avec «  Dançando com a diferença », compagnie de danse inclusive professionnelle basée sur l’île de Madère qui a la particularité de mettre en scène des danseurs porteurs ou non de handicap et de réaliser des spectacles qui défient les limites du corps et de la « différence » de ceux-ci. L’objectif est ici atteint au risque parfois d’une théâtralisation du handicap.

  • Ôss de la chorégraphe portugaise Marlene Monteiro Freitas & Cia. Dançando Com a Diferença. C’était au Phénix Valenciennes, en clôture du Festival Next.