On chante très, trop souvent les louanges de mère nature : balades champêtres, beauté idyllique... L’humoriste le plus caustique de l’âge d’or du New Yorker nous fait le cadeau d’en pointer les « défauts », les menaces qu’elle fait peser sur nos têtes et choisit sans honte, ni remords la délation systématique (orages dévastateurs, blizzards, chute de météorites, volatils agressifs). Notre auteur a rassemblé une vingtaine de nouvelles, délicieusement irrévérencieuses. Il ne pantoufle pas ses trouvailles. Son écriture incline à la jubilation, ne laisse aucune place à l’ennui. En hôte, heureux du bon tour qu’il joue, il se plaît à ne caresser personne dans le sens du poil et a la délicatesse de ne pas se prendre au sérieux (l’est-il pourtant ?). À la rigueur du récit, il ajoute un brin d’espièglerie. La réussite réside dans l’art d’utiliser des angles inattendus.Un spécialiste auquel on montre une fleur ou un oiseau qu’il ne connaît pas : désarçonné, il restera abattu et torturé pendant des jours et des nuits, consultant en vain ouvrages et multipliant les appels au secours.
Une drôle de leçon d’écologie sous les auspices du flegme
Cet amour à mort guette les experts. Mieux vaut être un zéro, un ignare pour être tranquille et cultiver son jardin. Entendez ceux qui disent qu’il n’y a pas de quoi avoir peur des orages. Bravaches, « adoptant une attitude virile », ils se mettent à l’abri en prenant tout leur temps pour masquer leur trouille, tout en rassurant les dames. Plongez-vous dans une autre nouvelle, « saynète » aussi facétieuse, mais ne lisez pas le recueil d’une seule traite, picorez, c’est le seul moyen de savourer pleinement ces petits bijoux.Les éditions Wombat, parangon du chic ironico-burlesque, restent fidèles à leur spécialité et consacrent, sous la forme de petits livres (à glisser dans la poche), des monuments de l’humour décalé, de l’incongru et de l’absurde proférés avec un sérieux sans faille. De Robert Benchley (1889-1945), elles ont publié Les enfants, pour quoi faire ?, L’économie, pour quoi faire ? et le Pourquoi je déteste Noël sera réimprimé en novembre. Cela se mérite.
