> Comment faire la paix ? Un rêve étonnant et merveilleux : un pied de nez à la guerre. Un char sommeille dans la cour de la caserne, des enfants agrippent son canon, allongent ce tube de ferraille comme de la pâte à modeler pour qu’il rivalise avec le nez de Pinocchio, lui font un double nœud et offrent cette cocarde à ses confrères belliqueux. Amener l’un d’eux sur la place publique, le transformer en arbre de vie avec balançoire, toboggan et hamac. Le poème-récit de Francis Combes, traduit en 24 langues, permet à l’illustrateur Bruno Heitz de faire valser les figurines, des soldats de plomb de tous pays et de toutes époques. Les enfants s’en donnent à cœur joie, ils jonglent, les renversent pour qu’ils retombent dans une poubelle, font pousser des fleurs sur le chapeau d’un mousquetaire ou laissent une colombe se percher sur un casque. Rêve magique où règne un comique véloce et tonique, un vrai régal de fraîcheur. Et au bout du « conte », rêver la fin des rêves, c’est-à-dire leur incarnation.
Rue du monde, à partir de 6 ans, 48 pages, 19,5 x 16, 5 cm, 14 €.
> Herbes folles Entrer dans le rang ou lâcher prise ? En poussant la grille d’une demeure, on découvre que toute la famille veille sur son jardin domestiqué : tout est tiré au cordeau, chaque arbuste taillé doit correspondre à la forme initiale. Dans les parterres de fleurs, la couleur de chacune d’elles, inspectée, comparée à un nuancier, doit être à sa place. On ne transige pas avec l’ordre établi. Mais un jour, les plantes, refusant les coercitions, s’insurgent, poussent à vue d’œil, couleurs entremêlées, franchissent la porte de la maison. M et Mme, affolés, s’acharnent à contenir cette croissance profuse et bariolée mais sont obligés de jeter bas les armes… dès lors, les chants des oiseaux égayent le jardin. Parents et enfants voient la vie d’un autre œil. Un « ailleurs » chez soi plein de charme. Tout l’album repose sur le contraste que Marie Dorléans a établi entre les vêtements en noir et blanc, à carreaux, à damier et hachures, géométrie froide et l’exubérance chamarrée de la végétation.
Seuil Jeunesse, dès 4 ans, 48 pages, 20,5 x 35,5 cm, 15,90 €.
> Monsieur Nourse et la vie (mode d’emploi) Qui suis-je ? Comment vais-je réagir aux aléas de la vie ? Ai-je des certitudes ou suis-je en proie aux doutes ? Comment je me comporte au contact des autres ? Quelles réactions provoque ce que je dis ? Toutes ces questions proposées par Christian Demilly, Monsieur Nourse et une abeille se les posent. Un dialogue permanent sous forme de petites BD, soixante strips de trois cases… Une foultitude de petits bijoux de pertinence, de sagacité, de fantaisie et de malice, en apparence légers mais d’un sérieux qui n’est pas triste. Des pensées vagabondes propices à mettre en route les mécanismes de la boîte à réfléchir, à stimuler les « petites cervelles ». Monsieur Nourse pose de face, Alice de Nussy le campe sur ses pattes arrière, tandis que l’abeille, de profil, la tête tournée vers le lecteur, lui susurre à l’oreille, commente, questionne, affirme… Une initiation à la vie, au monde aussi intelligente qu’audacieuse sur la forme.
Grasset Jeunesse, dès 5 ans, 32 pages, 24,2 x 31,2 cm, 18,90 €.
> Silex Au temps des cavernes, sur la planète Homo-Dino, la taille et la force importent. Alors comment devenir chasseur quand on est haut comme trois pommes. Silex, sans cesse humilié par les railleries des hommes du clan, parie qu’il va maîtriser les trois dinosaures les plus dangereux : un Casse-Tout, une Queue-qui-pique et un Mange-Tout. Aventure insensée. Silex est brave mais il est surtout patient et ingénieux et, comble d’humour, sa stratégie repose sur les maximes, écrites des siècles plus tard, du poète latin Horace, du philosophe Plutarque et d’Ésope le fabuliste grec ! Les combats contre les trois monstres (dessins des vrais tricératops, stégosaure et tyrannosaure) empruntent leur déroulé au montage cinématographique. Les six cases par page couleur ocre gris - celle des parois dessinées des cavernes - sont accrochées à des cadres composés d’os de ces « bestioles » qui bénéficient aussi de doubles pleines pages. Histoire merveilleusement rocambolesque d’un gringalet qui n’a pas froid aux yeux.
Kaléidoscope, dès 6 ans, 44 pages, 20,7 x 30,5 cm, 13,50 €.
