Nager vers la Norvège, de Jérôme Leroy

Et moi je veux nager !

par FRANCK JAKUBEK
Publié le 26 juillet 2019 à 13:58 Mise à jour le 27 juillet 2019

Il en est de la poésie comme d'une brise rafraîchissante un soir de canicule en bord de mer. Vous goûtez enfin au plaisir des mots purs. Depuis quelques semaines, en dernière page, Jérôme Leroy vous livre en guise de Talon de fer quelques textes extraits de son récent recueil Nager vers la Norvège.

Plaisir d'été et, en même temps, de partager. Depuis le début du mois, et pour tout l'été. Pour découvrir la suite, il va falloir plonger. Retenez votre souffle avant. Les formats courts vous tiennent en haleine. L'oxygène est votre carburant. Et l'auteur égrène un monde autour de ses traversées, littéraires ou géographiques. De quoi rêver de la lune comme d'une nouvelle Babylone balnéaire. Tout en se frayant un passage dans un océan de livres, une marée de lectures. Avec la pudeur polie des âmes connaissant l'opale des mots, il nous entraîne, voyageur attentif, dans son sillage, dans le coffre à bagages, sur le siège passager. À portée des jeunes filles et des compagnons de route, sans négliger la qualité des liens.

Nous ne saurons trop vous inviter à la contemplation. C'est une lecture active qui sied. Voire sur site ou muni de bons outils, comme un subtil vin d'Anjou pour lire en dégustant un texte comme Je vous reçois 4 sur 5. Instants volés dans une éternité de chemins et d'allures, avec du rythme et l'allant d'un observateur inquiet du temps qui passe plus vite encore qu'un corsage séchant sur une terrasse battue par le soleil.

L'ardeur des mots, le son des souvenirs et le choc des rencontres et plus encore pour les textes réunis, attroupés, au sein de Dans aucune ville.... Pour chacun des départs, il y a un appel au retour. Les portes qui claquent, le train qui vous emmène, et vous ramène. Nager à contre-courant, tout en donnant à humer l'air du temps, c'est la force du poète. Dans quelques lignes insuffler la douceur et la violence, celle de l'éphémère moment.

Avec Nager vers la Norvège, c'est un autre Leroy, adolescent mûri sous la plume et armé de bonnes lectures, qui rend hommage à ses pères, ses frères de lettres. De l'inoubliable Richard Brautigan à l'évocation de Nabokov ou de Pirotte, le sensible alchimiste... Et la place, et l'impact de leurs écrits dans la construction de l'homme. Comme les lames frappant à les modeler les côtes des fjords et des bons ports que nous ne voudrions quitter pour tout l'or du monde. Jusqu'à ce qu'un autre nous entraîne, à son tour. Laissez vous porter. Après quelques brasses, quand vous n'aurez plus pied, vous verrez combien la poésie vous porte.