Monstres de maison d’Eleonora Marton

Frissons garantis puis vaincus

Littérature jeunesse

par ALPHONSE CUGIER
Publié le 28 février 2020 à 18:23

La nuit, quand les parents dorment, la maison prend vie. Les enfants qui s’éveillent font parfois des rencontres impromptues terrifiantes, de véritables monstres à faire se dresser les cheveux sur la tête : un Crissgrif, un Cuisinosaure, une Médusa et autres spécimens cauchemardesques.

Eleonora Marton les a réunis dans un album pointant du doigt les constructions inquiétantes qui élisent domicile chez chaque enfant et puis, page suivante, lui donne les moyens pour dire adieu aux phobies du noir, aux chimères sortant de son imagination apeurée. Au matin, découverts, ces monstres se révèlent croquignolesques : un porte-manteau, un imperméable et une longue écharpe et Crissgrif s’est volatilisé ; un dessous de plat, une soupière et une grosse louche et le Cuisinosaure regagne ses tâches domestiques ; l’étendoir à linge, la planche à repasser et le balai serpillière attendent les prochaines lessives et nettoyages. Voilà quelques-unes des montées d’angoisse suivies de sourires et de détente : délires et délices de toutes les pièces de la maison.

Des enfants auront deviné, avant qu’il ne fasse jour, c’est-à-dire avant de tourner la page, certains des objets de ces compositions gentiment horrifiques. Après lecture de l’album, ils peuvent assembler les objets du quotidien, trouver l’ustensile qui met la touche d’effroi nécessaire à confectionner des fictions d’épouvante et ainsi rire de leurs peurs. On peut faire confiance à leur imagination débordante. Mais peuvent-ils, comme la dessinatrice, passer des couleurs vives du jour au bleu et au noir d’encre des nuits ?

Monstres de maison, Eleonora Marton, éditions Grasset Jeunesse, 46 pages, 15,50 €.