L’été s’achève, c’est la fin des vacances. Des enfants se souviennent de leur séjour à la mer tandis que d’autres, restés chez eux, l’imaginent. Une fillette retrouve sa maison du bord de mer, un environnement familier et rassurant, baignant de lumière et peuplé de bruits, cliquetis des câbles des mâts et se réjouit de revoir son ami Matthieu. Comme les années précédentes, elle se dirige vers le port, observe, contemple les voiliers « qui viennent et qui vont » et ressent le même pincement au cœur. Elle pense à son père, marin qui, parti en mer, n’est jamais revenu et le « voit » se diriger vers une île lointaine mystérieuse où il doit accoster. La mémoire se construit des fictions qui deviennent autant de vérités perdues, quête poignante, pathétique. La réalité reprend néanmoins le dessus, Matthieu est là qui l’attend pour aller nager et qui l’appelle, ce qu’elle espérait entendre. Matthieu, l’ami de toujours, présence précieuse quand le cœur se serre, comblant le vide accumulé depuis des années. Dès lors, elle ne ressent plus la douleur d’un départ. Tous deux iront à la nage jusqu’au phare, « jusqu’au bout du monde ». Elle et lui grandiront à leur rythme. Les images grand format à l’aquarelle, en larges coups de pinceaux, créent tantôt une atmosphère mélancolique, enténébrée quand elle couvre de pierres les images d’oiseaux de sa serviette, tantôt enjouée, après l’aller et retour jusqu’au phare, quand elle soulève la serviette devenue légère, les pierres ayant disparu. Un album à lire les yeux et le cœur grands ouverts.
Éditions courtes et longues, 48 pages, 23 x 32,5 cm, 22 €
Le Chant des grands bateaux de Nadine Brun-Cosme
Grandir à son rythme
par ALPHONSE CUGIER
Publié le 16 septembre 2022 à 12:30