Vincent Martin, ingénieur informaticien, en partie amnésique, victime d’un traumatisme crânien, s’étant échappé d’une clinique, se retrouve face à un comité médical qui doit statuer sur son sort. Il raconte sa cavale en train et en autocar dont il ne rate aucune journée, les décrivant avec moult détails. Virginie, une avocate l’informe qu’elle est chargée de le défendre, une plainte a été déposée par son supérieur hiérarchique concernant une agression dont il n’a aucun souvenir. Par contre, il se rappelle le harcèlement dont il a été victime de la part de ce Mourier qui apparaît sans cesse dans ses cauchemars. Virginie l’emmène dans le manoir familial où il rencontre Guillaume obsédé par l’idée de déclin de la civilisation et sa sœur Ariane, psychothérapeute, Ariane, nom prédestiné pour sortir Vincent de son marasme. Pierre Filoche rapporte les effets délétères de la mécanique infernale du harcèlement, technique de management visant à la destruction de l’individu et à la désagrégation du collectif de travail. En même temps, il s’attache au fonctionnement de la mémoire, celle ajourée de Vincent qui, par moments, s’offre des phases de lucidité, réparties bienvenues quant au comportement de Guillaume et des considérations politiques qui s’invitent impromptues au détour des conversations. C’est cette écriture faite d’invite, de mise à distance et d’humour piquant qui fait l’agrément de ce récit éclaté, à la croisée de l’intime et du social abordés tout à la fois avec finesse et discernement.
Serge Safran éditeur, 192 pages, 17,90 €.
