Une petite coccinelle cherche un endroit idéal pour pondre ses œufs mais à chaque fois qu’elle croit trouver le coin de nature qui lui convient, elle a juste le temps de fuir devant le comportement agressif d’insectes qu’elle n’avait pas remarqués tant ils se confondaient avec le décor : phasmes- branches, sauterelles-feuilles, mantes- orchidées, ombonies-épines de rose, cossus gâte-bois-morceau d’écorce craquelée et araignées-crabes à l’affût au cœur même des fleurs. Autant d’insectes incroyables, experts en camouflage, pour survivre dans une nature qui tout en étant belle sait être cruelle : stratégie de défense ou d’attaque, l’immobilité parfaite accentuant leur protection ou confortant leur poste de surveillance.
Isabelle Simler par contagion s’est métamorphosée en maîtresse de l’illusion, du trompe-l’oeil et nous offre une « partition » caméléon qui multiplie et entremêle à l’envi les genres animal et végétal. Ses dessins parviennent merveilleusement à jouer sur la confusion de la perception du lecteur qu’il soit jeune ou plus âgé. Dépassant l’art des naturalistes qui reproduisaient méticuleusement les animaux, elle les rend vivants sur le papier. Effet bluffant, chaque page est une surprise. La curiosité et le plaisir sont piqués au détour de chacune d’elles. L’album aspire l’attention, interroge le regard et les insectes- plantes fascinent, intriguent et effraient délicieusement, l’enfant aimant à se faire peur quand il sait la dominer. Nous avions déjà été admiratifs en découvrant entre autres ses albums La Toile, Plume et L’Heure bleue dont plus de huit et dix mille exemplaires ont trouvé preneurs.
Vertige, Isabelle Simler, septembre 2020, éditions courtes et longues, format 23 x 32,5 cm, 56 pages, 22 €.
