> À l’école Vitamines Dans cette classe de maternelle hautement colorée et créative, certains élèves sont rayonnants, d’autres un peu fragiles. Sur un texte d’Alain Serres qui fut durant quinze ans enseignant en maternelle, Christel Jeanne, une photographe, a élaboré des portraits, têtes et visages à l’aide de compositions de fruits et de légumes, télescopages en apparence incongrus fondés sur des analogies formelles. Ces natures nullement mortes nées d’un imaginaire tendre et délicieusement arcimboldesque composent un lieu de vie où « chacun s’épanouit parmi ses semblables grâce à ses différences ». La Maîtresse se présente sous la forme d’un papillon aux ailes déployées en feuilles de salade et de radis ornées de tranches de kiwi et de kumquat. Elle aime tous les enfants, « ceux qui viennent du froid, ceux qui ont poussé dans un pays brûlant et ceux qui ont des sourires un peu tièdes ». Chacun avec sa propre histoire d’un recoin de la planète. Parmi la vingtaine d’élèves… Les lignes de la pelure de l’oignon doté de yeux d’olives noires, s’élargissent vers l’arrière à partir de son nez pointu aérodynamique, simulant une faculté de se mouvoir avec rapidité : Léa, la Vitamine L est bien une fonceuse. Igor est un personnage placide, une poire conférence et des oreilles poivrons suffisent pour concevoir une tête de cheval… Le cocasse se transforme en sérieux ludique. Le potager et le verger procurent ces « collages » d’un manifeste gourmand pour une « école de la liberté, de la fraternité et de l’égalité ».
À l’école Vitamines, éd. Rue du Monde, 40 pages, 19 x 19 cm, à partir de 4 ans, 14 €.
> Toutes petites histoires C’est d’abord un hommage à la lecture, aux fictions… Lire enrichit : au fur et à mesure que le tas de livres lus grandit, une fillette s’élève et se retrouve en lévitation ; un mignon dragon qui lit par-dessus son épaule, s’accroît en volume ! Par ailleurs l’aventure est au coin de la rue car mince est la frontière entre le vécu, le rêve et l’affabulé. Une fillette saute par-dessus les dernières marches d’un escalier, imaginant franchir des montagnes. Un petit garçon passe d’un tronc d’arbre qui flotte à l’autre, échappant ainsi aux crocs acérés des crocodiles : l’alternance arbres/eau s’est installée en lieu et place des bandes d’un passage clouté. Ce jeu de l’imagination en partance n’est pas toujours coupé du monde réel : une cigogne dépose un baluchon qui, selon la tradition, contient un bébé, mais dans notre présent, cette porteuse de nouveaux-nés, désormais « ubérisée », livre une pizza ! Ces quelques exemples des 70 petits joyaux d’émerveillement, de fantaisie, de fraîcheur, d’humour et de pointes d’inquiétude vite dissipée, Miguel Tanco les a originellement publiées sur son compte Instagram, puis les ayant repêchées sur la Toile, il en a fait un livre. Les petites histoires de ce formidable sourcier de notre enfance sont parées des couleurs de l’arc-en-ciel et sécrètent un épatant souffle poétique.
Toutes petites histoires, éd. Grasset Jeunesse, 80 pages, format à l’italienne 14,5 x 29 cm, dès 4 ans, 15, 90 €.
