Traitant non seulement de villes, Amiens, Arras, Compiègne, Laon, Valenciennes, etc., l’ouvrage fait la part belle à des peintres, des sculpteurs, des écrivains. Camille Corot, Rémy Cogghe, Pharaon de Winter, Henri Matisse, Marcel Gromaire, Félix Labisse, Édouard Pignon, Eugène Leroy, et même Augustin Lesage, figure majeure de l’art brut dont on trouve les œuvres au LaM, le musée d’art contemporain, d’art moderne et d’art brut de Villeneuve-d’Ascq – l’entrée « LaM » y figure judicieusement en bonne et due place, d’ailleurs. Des sculpteurs, l’incommensurable Carpeaux, dont le Ugolin et ses fils, devant la gare de Valenciennes, est si beau, dans ses voluptueuses courbes et contre-courbes ; Camille Claudel, qui comme son frère Paul était originaire du Tardenois ; ou Eugène Dodeigne.
L’ouvrage aborde de nombreux écrivains (mais pas Victor Hugo, hélas !, intense admirateur des falaises de craie du Boulonnais, pourtant) : Georges Bernanos (mais pourquoi pas Louis Aragon, très lié à nos départements ?) ou l’immense Maxence Van der Meersch, rejeton de la bourgeoisie catholique roubaisienne mais qui avait une fascination pour le peuple. Des gens du spectacle, comme Cyril Robichez, Raoul de Godewarsvelde, Yolande Moreau, Line Renaud et le cinéaste Bruno Dumont.
De Martha Desrumaux aux « grosses légumes » Bonduelle
Il y a trois cents entrées, dans ce livre. Dont le préhistorien Jacques Boucher de Perthes, d’Abbeville ; Louis Blériot, le Cambrésien, premier aviateur à avoir traversé la Manche ; les deux Godin. Car il y a Godin et Godin, Jean-Baptiste André, le créateur des poêles en fonte mais surtout du familistère de Guise, et Noël Godin, L’entarteur, le célèbre inventeur des « attentats pâtissiers » dont la « tête à tarte préférée » est Bernard-Henri Lévy.
Nos lecteurs apprécieront particulièrement la présence de Gracchus Babeuf, chez qui Marx a vu « la première apparition d’un parti communiste réellement agissant » ; de Martha Desrumaux, la seule femme à avoir participé, en tant que cégétiste, aux accords de Matignon, qui fut déportée au camp de Ravensbrück, et qui mériterait bien d’être la première femme ouvrière à entrer au Panthéon ; et du romancier et journaliste André Stil, qui fut le rédacteur en chef de l’Humanité, puis membre de l’académie Goncourt.
Le folklore, la gastronomie, sont loin d’en être absents… Les géants, notamment ceux de Douai, les Gayant ; les combats de coqs, les coulonneux ; le Paris-Roubaix ; les beffrois, les béguinages. On ne s’étonnera pas, au registre de la gastronomie, d’y trouver le maroilles, l’andouillette de Cambrai, les gaufres de chez Méert, que le général de Gaulle se faisait régulièrement livrer à l’Élysée, puis à Colombey-les-Deux-Églises.
Et puis, presque in fine, la villa Cavrois, à Croix, œuvre emblématique de l’architecte Robert Mallet-Stevens ; et la colline de Vimy, où en avril 1917 moururent en trois jours plus de trois mille six cents jeunes Canadiens et qui est devenue terre canadienne à perpétuité.
Jean-Louis Fournier évoque aussi des grosses familles nordistes, comme les Mulliez. Les Bonduelle, maîtres de la conserverie, également : « De grosses légumes », tranche l’écrivain.
Humoriste, disions-nous…
Quelle bonne idée, que celle de ce dictionnaire ! On ne peut qu’acquiescer à une telle énumération, parfois si impromptue.
Nord, notre miroir, notre si attachant miroir…
Dictionnaire amoureux du Nord, chez Plon, 624 pages, 24 €.