VIRIL de David Bobée à La Rose des vents

Pleins phares sur une littérature féminine de combat

Littérature

par PAUL K’ROS
Publié le 7 février 2020 à 15:20

Le public, jeune en majorité, s’aventure dans la grande salle de la Rose des Vents plonge dans une atmosphère de demi-brume. Une fois installés sur les gradins, comme ouatés dans cet environnement d’entre chien et loup, les unes et les autres s’efforcent de percer le mystère de la scène le temps d’une attente suffisamment longue pour accoutumer la vue et aiguiser la curiosité.

On devine l’arrivée un peu fantomatique des trois musiciens du groupe Zëro, Ivan Chiossone aux claviers, Varoujan Fau à la guitare et Franck Laurino à la batterie. Puis on entrevoit, arpentant le fond de scène, la forme mouvante déterminée de Béatrice Dalle qui, très vite, donnera de la voix pour balancer frontalement aux spectateurs un « Bad Lieutenantes » qui nous parle de « prolote ou de looseuse de la féminité, des exclues du grand marché de la meuf, des plus désirantes que désirables... » C’est dit avec un accent viril, comme le titre de ce spectacle coup de poing mis en scène par David Bobée, et très vite on en prend plein la tête.

Nouveaux féminismes

Plein les yeux aussi, avec une batterie de projecteurs allumés pleins phares qui vous mettent sur le gril cependant que la musique post-rock sidérante, hypnotique, du groupe Zëro emballe la valse des mots, des idées, qui s’enchaînent, se télescopent. La rappeuse Casey prend le relais avec sa cadence si singulière bientôt suivie par Virginie Despentes, qui accompagne son propos d’un mouvement métronomique de la main gauche.

On entendra ainsi, sans prendre le temps de souffler, des textes Paul B. Preciado, Zoe Leonard, Valerie Solanas, June Jordan ou encore Audre Lorde qui témoignent, racontent des histoires, des tranches de vie, des textes forts et âpres sur les nouveaux féminismes qui sont autant de manifestes en forme de coups de cœur ou de coups de gueule. La colère succède à la tendresse et vice versa ; l’intelligence et la subtilité du propos ne cessent de vous interpeller. C’était dans le cadre du premier festival DIRE organisé par la scène nationale de Villeneuve d’Ascq.