Littérature jeunesse

Pour le bonheur des yeux et de l’esprit

par Alphonse Cugier
Publié le 21 août 2020 à 18:37 Mise à jour le 24 août 2020

Entre fin des vacances et rentrée scolaire, des albums pour jouer et rire, apprendre et s’émerveiller.

> Comme ci et Comme ça de Tomi Ungerer dont la tête a toujours été remplie d’idées qui fusent, aussitôt traduites en images.Art, dépouillement et humour, la pédagogie avec le sourire. La différence entre voir (un hibou poursuivant un rat) et regarder (muni d’une loupe), dans les deux cas, l’œil rond grand ouvert. Entendre (un lapereau sur le dos de sa mère fuyant le tonnerre) ou écouter (coquillage placé sur l’oreille). Se servir d’un balai pour ramasser la vaisselle cassée ou jouer au chevalier médiéval ou à la sorcière en le chevauchant. Ungerer introduit un rythme narratif entre le mot et l’image qui l’accompagne plus qu’elle ne l’illustre. Épatante démarche ludique pour faire marcher la boîte à réfléchir des bambins.

Comme ci et Comme ça, Tomi Ungerer, éd. l’École des Loisirs, juin 2020, 36 pages, 13,70 €.

> Pour faire une souris verte de France Quatromme et Soufie Régani Cette comptine fredonnée depuis des siècles à l’oreille des enfants est ici scandée à voix haute avec un sourire radieux par une fillette qui parle d’un tour de magie. Gestes énergiques à l’appui car la souris s’est métamorphosée en un animal autrement volumineux, récalcitrant mais qui subit tous les « supplices » avec une patience rare. Détournement facétieux que les enfants jugeront rigolo tout en ne croyant guère à cette substitution. Et dans l’image finale d’un repos bien gagné après toutes ces péripéties, ils peuvent chercher tout ce qui pendouille. Les illustrations, plume rieuse toute en rondeur et douceur de Soufie Regani épousent le rythme impulsé par France Quatromme à cette berceuse.

Pour faire une souris verte, France Quatromme et Soufie Régani, éd l’École des Loisirs, juin 2020,30 pages, 13€.

> L’herbier philosophe d’Agnès Domergue et Cécile Hudrisier

Pensées, immortelles, éphémères, amours en cage... quelques unes des 28 fleurs élues par Agnès Domergue et dont les courtes phrases, anecdotes et énigmes inspirées d’une tradition poétique japonaise font éclore tout un monde floral. À partir de ces noms évocateurs, Cécile Hudrisier nous a confectionné un herbier qui nous invite à penser ou à méditer. Une palette d’une grâce inépuisable : la finesse des touches d’aquarelle se marie avec la légèreté des lignes d’encre noire. L’osmose se fait avec le texte de la page de gauche. C’est ainsi que Ne m’oubliez pas (le myosotis) pousse dans un tiroir rempli de lettres et d’un carnet- journal « veillés » par une souris. Regardons attentivement la Tradescantia (appelée misère) : on distingue, accrochés pêle-mêle aux fleurs violet foncé ou prune, les fragments d’un mur, des amas de planches tandis que du linge pend sur des fils de fortune. Découvrons ce cantique à la nature,au monde et aux êtres qui l’habitent.

L’herbier philosophe, Agnès Domergue et Cécile Hudrisier éd. Grasset Jeunesse, septembre 2020,60 pages, 18,50 €.