Prix Amila-Meckert 2022

Rien ne sert de courir…

par PIERRE GAUYAT
Publié le 2 mai 2022 à 10:01

Le prix Amila-Meckert 2022 remis lors du Salon du livre d’expression populaire et de critique sociale d’Arras a été attribué à Ne t’arrête pas de courir de Mathieu Palain.

Le second roman de Mathieu Palain (après le remarqué Sale gosse paru en 2019, qui tournait déjà autour des questions de la délinquance et du sport), Ne t’arrête pas de courir, son nouveau roman aborde peu ou prou les mêmes thématiques. Ce nouveau livre relève cette fois plus du récit que du roman, il n’en reste pas moins qu’il s’agit bien de littérature. Dans ce texte, Mathieu Palain raconte les visites qu’il a rendues à Toumany Coulibaly au centre pénitentiaire de Fresnes puis à la maison d’arrêt de Réau. Le récit se compose de la recension de ces rencontres en prison entre un auteur qui rêvait d’être un sportif de haut niveau, avant de devenir prof de sport puis journaliste, et un sportif de haut niveau tombé dans la délinquance. Car Coulibaly est un véritable athlète, il a remporté le titre de champion de France de 400 mètres en salle en 2015. Une belle carrière sportive s’offrait à lui sans le parfum canaille de la cité qui l’entraîne sur la pente fatale qui mène à la case prison. Cinquième rejeton d’une fratrie qui compte 18 enfants, il est envoyé au Mali à l’adolescence par son père inquiet après ses premières bêtises. Revenu en France, il entame une carrière sportive mais il découvre également l’adrénaline de la délinquance. Il commet une dizaine de cambriolages qui lui vaudront plusieurs condamnations à des années de prison. C’est dans ce cadre que Matthieu Palain souhaite le rencontrer pour tenter de comprendre comment un aussi bel espoir de l’athlétisme français a pu gâcher son talent en participant à des casses assez minables. Au fil des rencontres, une forme d’amitié va naître entre les deux hommes qui ont le même âge, qui ont vécu dans la même banlieue sud de Paris et qui éprouvent la même passion pour le sport. Il tente de l’aider à sortir la prison de sa tête afin qu’il soit à nouveau vraiment libre lorsqu’il ne sera plus derrière les barreaux. Libre de ne pas y retourner… Ce livre est avant tout une belle histoire de rencontre amicale loin de toute virilité malsaine trop souvent présente dans la littérature carcérale.

Mathieu Palain, Ne t’arrête pas de courir, éd. L’Iconoclaste, 430 pages, 19 €.