Jean-Daniel Simon, du ciné-club de Lille à Cannes

Un militant de l’art cinématographique

par JEAN-JACQUES POTAUX
Publié le 12 février 2021 à 17:24

Jean-Daniel Simon est décédé. Ce cinéaste communiste était bien connu dans la région. Il avait accompagné ses camarades de la cellule de la télévision pour filmer le départ de jeunes à la manifestation du 26 novembre 1967 contre l’intervention américaine au Vietnam. On peut voir le film Ce jour-là sur la toile. Il venait alors de réaliser son premier film, La fille d’en face, à 24 ans, ce qui faisait de lui le plus jeune metteur en scène français. Auparavant, à 18 ans, il avait été assistant de grands cinéastes, comme Maurice Pialat, Roger Vadim, François Reichenbach et d’autres. À 20 ans, il avait réalisé ses premiers courts métrages et avait participé à la télévision à des émissions comme « Dim Dam Dom » ou « Cinq colonnes à la une ». Son film Adélaïde aurait dû être présenté à Cannes en 1968, mais le festival n’eut pas lieu... À la suite des événements de mai-juin 68, il devient secrétaire général adjoint de la Société des réalisateurs de films, aux côtés de Pierre-Henri Deleau, ancien animateur du ciné-club étudiant de Lille. Il en fut ensuite président puis vice-président. Parmi ses nombreuses activités, on le vit présider le Festival international du court métrage et du film documentaire de Lille de 1977 à 1980. Entre temps, il avait participé avec son compère Deleau à la création de la quinzaine des réalisateurs à Cannes. Cette responsabilité l’occupa de longues années. Parmi ses œuvres marquantes, on trouve Il pleut toujours où c’est mouillé en 1974, avec Sylvie Fennec dont il partagea la vie. En 1976, il réalisa un film sur Angela Davis, L’Enchaînement, qu’il vint présenter dans la région avec le livre de Claude May (Angela Davis, Jean-Daniel Simon : une rencontre, un film) sorti en même temps aux éditions Les éditeurs français réunis (1978). D’autres films tout à fait estimables complètent une carrière qui mérite d’être redécouverte : L’examen, Image interdite, Pour que d’autres puissent vaincre, La nuit et le moment, la Filière noire... Ce militant infatigable de l’art cinématographique vivait sa retraite à Dakar où il fut emporté par une maladie foudroyante Il nous manquera beaucoup.

(Photo : Jean-Daniel Simon et Angela Davis, lors d’une séance de dédicace du livre L’enchaînement, en janvier 1978, à la librairie nouvelle à Lille. © Ph. A)