La Dame au cabriolet de Guiou & Morales

Un polar d’une réjouissante fantaisie

par ALPHONSE CUGIER
Publié le 9 juillet 2021 à 12:59

Yvonne Vitti est détective. Le dénommé et bel Orlando l’engage pour retrouver son frère Stéphane, frère vite dit. Au cours d’une fi- lature, des truands s’étant révolvérisés, elle « hérite » d’une mallette bourrée de billets de banque qui suscite bien des convoitises. Au vu de cette présentation, le lecteur pensera que ce roman n’est qu’une réplique de ceux qui fleurissent par centaines dans les gares au rythme des trains qui partent. Mais celui-ci bénéficie d’une marque déposée, griffe originale, écrit qu’il est à quatre mains avec une encre bien sympathique dans un style joyeusement enlevé, distillant un charme magnétique. On ne peut que s’enticher de cette demoiselle Yvonne de 45 berges au compteur, pas plus fringante, dit-elle, que sa Saab 900 jaune poussin capitalisant la trentaine bien sonnée. Nous verrons qu’Yvonne bonifie en s’offrant, pour prendre un peu de distance dans cette affaire qui sent la poudre, quelques escapades, échappées belles en Corse, en Sologne et à Marseille. Il faut entrer dans ce polar sur le noir duquel souffle un petit vent frais, sans le préjugé des délicats qui ne se satisfont que d’alcools dits raffinés et qui risquent de rater un roman méritant d’être millésimé. Le duo nous a concocté un récit attentif au charme des événements du quotidien, qui emprunte avec jubilation une écriture et un vocabulaire qui ne feraient pas rougir de honte les Michel Audiard, Pierre Dac, Alphonse Allais et Albert Simonin. Un ton pétillant, décontracté, une jactance, une verve langagière bienvenues. Des mots qui dévergondent les phrases, colorent à la bonne franquette des aventures pétries de fantaisie et ce, au rythme du pas de deux d’une drôlerie savoureusement sécrétée et d’une autodérision propres à combler notre gourmandise. Les dés ne sont pas pipés, le duo joue cartes sur table mais avec des atouts dans la manche, une réussite.

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Notes :

[1La Dame au cabriolet, Dominique Guiou & Thomas Morales, Serge Safran éditeur, 158 pages, 16,90 €.