© Marc De Langie
Spécial Figra

La perpétuelle recherche entre « images et vérités »

par Marc DE LANGIE
Publié le 9 juin 2022 à 23:39

L’enjeu est de taille et lors de chaque conflit, il reste le même : vérifier les sources et chercher la vérité. Déjà, le journaliste Albert Londres avait écrit que le métier « n’est pas de faire plaisir, non plus que de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ». Il s’agit de décrire la réalité, et déjà, en 1918, le journaliste britannique Edmund Dene Morel avait écrit l’ouvrage Truth and the war dans lequel il théorise les rapports entre la guerre et la vérité. Cet enjeu, cette quête de vérité, reste toujours d’actualité. Pour preuve : le conflit en Ukraine. C’est d’ailleurs l’objet d’une rencontre organisée dans le cadre du Figra et animée par Hervé Brusini, président du prix Albert Londres.

Un mur de désinformation

Ainsi le journaliste doit-il constamment vérifier ses sources, être au plus près de la vérité pour informer. Le témoignage, en direct, de Patrick Chauvel, journaliste photographe, sur place en Ukraine, a permis d’expliquer que la quête de la vérité demeure un enjeu. « Le journaliste est au centre d’une guerre d’information, où la désinformation est présente partout » explique le photographe. « Il faut trouver la vérité, et la publier. Il y a un mur de désinformation, un obscurantisme absolu. » D’ailleurs le récent décès de Frédéric Leclerc-Imhoff est une preuve : de journaliste pour la France, il était devenu un trafiquant d’armes, un mercenaire pour les autorités russes. Les mensonges sont fréquents et visibles « et le système russe les utilise sans complexe » et d’ajouter que la première victime de la guerre, « c’est la vérité ». Sur le terrain, la méfiance est partout de la part de la population qui a « une grande peur des images. Notre travail est difficile ».

Interventions de la politique

Or, si les nouvelles technologies permettent de suivre les hostilités pratiquement en « temps réel », le fond est le même : « Un conflit entre deux puissants blocs, à savoir les États-Unis et la Russie. » Et tout comme les conflits en Corée ou au Vietnam ou dans le Golfe : ces puissances ne s’affrontent pas face à face, « c’est un affrontement indirect dans un territoire intermédiaire » termine Patrick Chauvel. Et ce témoignage en direct rappelle les ressemblances entre les guerres au fil des siècles. Il aura suffi de quelques extraits lus par Hervé Brusini sur les écrits d’Hérodote (guerres médiques) ou Thucydide (la guerre du Péloponnèse) pour s’en rendre compte. Avec Albert Londres, la photo fait sa première apparition lors de la guerre de 1914-1918. Quelques clichés montrent comment ce nouvel outil en temps de conflit « sert » de preuve aux puissances pour affirmer une vérité. Et bien entendu, les interventions de la politique sur l’image sont fréquentes, rappelle le président du prix Albert Londres. Et de conclure que plus que jamais « mots » et « images » sont un enjeu de vérité.