© Marc De Langie
La question posée lors du festival

Les femmes manquent-elles d’audace ?

par Marc DE LANGIE
Publié le 9 juin 2022 à 23:39

Les chiffres le prouvent : les documentaires et grands reportages réalisés par des femmes représentent 25 % des œuvres télévisuelles, contre 59 % pour les hommes [1]. Et si l’on regarde par tranches horaires, les œuvres féminines ne représentent que 40 % avec des disparités très importantes selon les chaînes.

Les réalisatrices de documentaires et de reportages se demandent à quand la parité. Une rencontre sur ce thème a été organisée lors du Figra, d’autant que la Garrd [2] s’est également penchée sur cette question. Selon son étude menée entre septembre 2020 et 2021, 32 % des reportages diffusés sur les chaînes publiques ont été réalisés par des femmes. Elles sont minoritaires et pire : en « histoire », seulement 16 % de documentaires diffusés sur France Télévisions ont été réalisés par des femmes et 10 % pour Arte. En « science et découverte », les chiffres sont encore plus parlants : 8,7 % de femmes ont réalisé des documentaires sur France Télévisions et 7 % sur Arte. « Nous sommes bien au XXIe siècle » insiste Myriam Elhadad, administratrice au Garrd, présidente de la commission « droit des femmes » et réalisatrice. De telles statistiques interrogent sur la place des femmes dans la profession. Nombreuses sont celles qui, lors de propositions de documentaires, se sont vu refuser leurs projets ou encore proposer de faire une co-réalisation avec un homologue masculin. Et curieusement, les femmes ont plus de facilité pour des documentaires diffusés sur les chaînes « low cost » où les salaires sont également plus faibles. Au fur et à mesure des échanges, le mot « audace » a souvent été utilisé, comme si la gente féminine en manquait ! Derrière, s’agit-il d’un manque de confiance ? D’un manque d’affirmation, d’un manque d’assurance ou d’insistance ? « Elles doivent sans cesse se prouver » font observer les participantes. Comme si les « décideurs » masculins des chaînes de télévision ne voulaient prendre aucun risque. Et finalement, comme l’explique Elodie Polo Ackermann, réalisatrice, « ce sont plutôt les hommes qui manquent d’audace pour ouvrir et s’ouvrir aux productrices et réalisatrices féminines ».

Notes :

[1Selon une étude de la Scam (Société civile des auteurs multimédia) réalisée en 2020.

[2Garrd : Guilde des auteurs-réalisateurs de reportages et documentaires.