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Face aux migrants : à la frontière des Alpes

Un documentaire humain qui contraste avec l’inhumanité des situations décrites

par Christophe FORESTIER
Publié le 1er octobre 2021 à 14:13

Briançon, dans les Hautes-Alpes, est en première ligne pour accueillir les migrants qui arrivent en France par les cols des Alpes. C’est cette situation qu’ont voulu décrire trois journalistes dans un documentaire glaçant d’effroi mais porteur d’espoir, projeté ce mercredi à Douai, à l’occasion de la 28e édition du Figra.

Il faut humaniser la situation migratoire, c’est dans cette optique qu’a été écrit et réalisé le documentaire Face aux migrants : à la frontière des Alpes en compétition au Festival international du grand reportage d’actualité (Figra) 2021, dans catégorie des plus de 40 minutes, où il a été projeté ce mercredi 29 septembre. Les trois documentaristes ont tenu à livrer un travail sur ce que vivent les migrants à leur arrivée en France par les cols alpins dans la région de Briançon. « Il était important de décrire cette situation en laissant parler les principaux protagonistes, à savoir les migrants eux-mêmes » confesse humblement Philippe Pichon, un des trois auteurs du documentaire. Mais traiter d’un sujet sensible comme celui-ci peut conduire à des difficultés pour obtenir des témoignages. Les trois auteurs reconnaissent avoir fait face à des réticences de la part des humanitaires associatifs engagés dans les refuges, mais aussi des citoyens qui viennent en aide aux migrants. « Nombreux sont ceux qui ont peur de possibles poursuites judiciaires car ils assistent humainement des exilés, en situation clandestine, dans leurs démarches d’asile ou dans leur survie quotidienne » explique Jérôme Legrand, auteur.

Traversée dangereuse par les cols des Alpes

Or, dans ce documentaire, les auteurs ont voulu mettre l’accent sur les situations concrètes que vivent les migrants alors qu’ils prennent de nombreux risques pour rejoindre la France en franchissant les cols des Alpes depuis l’Italie. Deux cas servent de fil rouge au film. Djibril, venu de Guinée-Conakry, et Francis, jeune Camerounais dont la minorité est contestée par les services de la protection des mineurs. Djibril a fui son pays et a mis dix ans pour arriver en France. Il a été sauvé par Pierre qui l’a assisté au quotidien dans ses démarches de demande d’asile. Djibril explique avoir fui un pays en guerre qui n’offre aucun espoir à sa jeunesse. Autre cas relaté, celui de Francis. Il est arrivé sur les routes et sur le chemin de l’exil par la force des choses. Il livre un témoignage glaçant. Séquestré, il est tombé aux mains d’un réseau d’esclavagistes libyens qui lui a fait traverser la Méditerranée dans une embarcation de fortune avant de réussir à s’enfuir. Dans son cas, sa minorité est contestée par les autorités françaises. À noter qu’en vertu de la loi européenne, ratifiée par la France, l’État doit protéger tous les mineurs présents sur son territoire.

Volonté de s’en sortir

Comme une lueur d’espoir, ces migrants ont été secourus par des associations humanitaires puis recueillis par des citoyens. En France, ils arrivent dans un premier temps au Refuge Solidarité de Briançon où ils reçoivent les premiers conseils pour leurs démarches en France. Pour les auteurs, il était indispensable, au travers de ce documentaire, de montrer l’inhumanité des situations contre lesquelles les migrants, pourtant victimes, se battent avec la volonté tenace de s’en sortir. « Ils fuient un pays en guerre, une situation politique dangereuse pour leur vie ou économique sans avenir pour eux. Leur principale motivation pour avancer et faire face à tous les problèmes, c’est de réussir à s’en sortir et trouver des conditions de vie dignes qui leur garantissent une sécurité » témoigne Arnaud Mansir, troisième auteur du film. Il conclut en affirmant que si la solution pour eux se trouve en Angleterre, ils poursuivront leur route pour atteindre leur Eldorado.

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Douai migrants Figra