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Les 30 ans de Télé Gohelle

Une authentique chaîne de territoire

par Patrice VERMEERSCH
Publié le 16 septembre 2022 à 13:59

De la création de la structure au sein du syndicat intercommunal de la Gohelle pour le développement de la communication en septembre 1991 à la première diffusion en décembre, c’est moins de 3 mois que Raymond Destouches - une sorte de professeur Tournesol de la vidéo – et sa petite équipe auront consacré au lancement de l’une des premières TV locales de la Région Nord-Pas-de-Calais. À cette époque, Avion, Méricourt, Sallaumines, Billy-Montigny, Harnes et Annay-sous-Lens ont été les premières villes à pouvoir capter la chaîne sur les réseaux de l’opérateur Région Câble… Harnes puis Fouquières-les-Lens (malgré quelques réticences « politiques » à l’époque), ont rapidement compris l’intérêt que représentait ce nouveau média pour la valorisation de la vie locale. Comme d’autres TV locales en France, la volonté de se centrer sur un rôle de « chaîne de territoire » a rapidement contribué à faire de la petite dernière le vecteur contribuant à développer un sentiment d’appartenance à un territoire.

 « Une télévision des gens avec les gens ». Yves Bocquet, premier président de Télé Gohelle.

À l’origine, la collaboration avec l’opérateur Région Câble [1] ne se limitait pas uniquement à la gestion technique de la diffusion sur le territoire. L’opérateur régional apportait en effet des programmes locaux et régionaux produits par la rédaction de C9 Télévision, en plus d’une contribution financière de 500.000 Francs de l’époque [2] pour son fonctionnement. Une contribution contractuelle que l’opérateur finira par dénoncer quelques années plus tard. La chaîne propose au départ une diffusion les vendredis, samedis et dimanches en boucle avec au programme un agenda accompagné de reportages. La programmation évolue à partir de 1992 avec de nouveaux formats. Tout d’abord, les informations avec « l’Hebdo actu » (brèves, interviews) et « Ça vous concerne » avec de plus gros formats de reportages. Des captations de concerts et événements viennent enrichir la grille comme le « Sam Blues Festival ». De nouvelles émissions étoffent alors la programmation de Télé Gohelle. Information, divertissement, culture, sports… tous les publics sont concernés par une programmation et une production réalisée par les permanents et les bénévoles sans qui la chaîne locale ne pouvait se développer.

Proximité et région

Télé Gohelle officialise aussi un partenariat avec C9 Télévision, basée en métropole lilloise, afin de diffuser plus de programmes comme du sport, des magazines de société comme « Gens qui rient, Gens qui pleurent », « puissance 9 » etc. La chaîne travaille aussi avec des radios locales aujourd’hui disparues comme Radio 13. Télé Gohelle déménage en 1997 et investit ses locaux à Méricourt, son siège actuel. La chaîne continue d’étoffer ses programmes avec ses nombreux bénévoles et partenaires, et de nouvelles captations comme « Goûter chantant », présenté par Mauricette, « je chante », ou bien de l’accordéon. Plus « terroir » que jamais. Et ça marche ! On est loin, avec l’exemple de Télé Gohelle, des déclarations d’un « grand reporter » d’une chaîne nationale dans le JT de 13 heures qui annonçait de manière péremptoire que « l’info du bout de la rue n’intéresserait jamais personne ! » En 2000, de nouvelles têtes et de nouvelles émissions arrivent, Roger et Valérie pour la cuisine, Jean-Marie pour l’actu DVD, rien que de l’accordéon avec Alexandra Paris, des émissions beauté bien être, loisirs passion, pêche, musique, des captations de concerts (Kubiak) des veillées de Noël et toujours des repas dansants., des émissions de variétés avec « bienvenue chez vous ».

L’ère du numérique

Puis vient entre 2000 et 2008, l’ère du numérique et les diffusions se déroulent du lundi au vendredi de 17h à 8h le matin avec rediffusion le week-end. À partir de 2008, les captations sont mises de côté pour laisser place à de nouvelles émissions consacrées à l’actualité du territoire, avec notamment la création d’un véritable journal télévisé et des émissions citoyennes. Grâce à des fonds régionaux, Télé Gohelle réalise une émission appelée « Teen Mag », en collaboration avec des jeunes de CAJ et d’associations. Ce qui a permis l’embauche d’un nouveau technicien. Avec l’arrivée d’internet, Télé Gohelle crée un site internet gratuit ainsi qu’un blog. La couverture médiatique est plus importante avec l’arrivée du Louvre-Lens et la chaîne mène des partenariats avec les chaînes locales du territoire pour un partage de programmes.

 Télé Gohelle à l’assaut du Bassin Minier

En 2013, Télé Gohelle est repris par l’Agglomération de Lens-Liévin, dans le cadre de sa nouvelle compétence numérique. En 2014, David Frémy quitte Télé Gohelle et c’est Valérie Lannoy, journaliste depuis 2000 à Télé Gohelle qui reprend les rênes de la chaîne. L’équipe embauche de nouveaux journalistes pour la création de nouveaux contenus. La grille prend un nouveau tournant et fait à nouveau évoluer ses programmes. De nouvelles émissions voient le jour comme « Si on sortait » (culture), « Hors Zone » (sport), « Geek me Five » (pop culture), « C’est quoi qu’on goûte ? » (Cuisine), « histoires d’œuvres » (Art), « On vous écoute » (Interview Talk), « Sors de ton terrier » (enfant)… Ainsi que des documentaires… Et de plus en plus de grands événements sont couverts par Télé Gohelle.

À partir de janvier 2023, Télé Gohelle se renouvellera : un nouveau plateau est en cours de construction pour un nouveau format magazine (JT, chroniques et invité) hebdomadaire. Aujourd’hui, la chaîne diffuse le vendredi à partir de 17h en boucle jusqu’au mardi 12h : Le JT, Hors Zone (Sport), « Histoires d’œuvres », « Si on sortait », Un documentaire local ou régional et L’émission Cinéma… https://telegohelle.agglo-lenslievin.fr/
PLUS LOCAL, TU MEURS ! Raymond Destouches, le regretté maître d’œuvre de la chaîne, se plaisait à raconter l’anecdote : « un jour un important incendie s’est déclaré dans une grande entreprise du secteur… eh bien notre TV est tellement bien implantée localement que nous avons pu filmer… l’arrivée des pompiers ! »

Notes :

[1Devenu Numéricâble, puis SFR.

[276000€ actuels