La meilleure façon de marcher de Claude Miller (1976)

La vie à vif, un hymne à la tolérance

par ALPHONSE CUGIER
Publié le 5 février 2021 à 15:51

Un groupe de jeunes moniteurs dans une colonie de vacances en Auvergne dans les années 1960. L’un, Marc (Patrick Dewaere), sportif, bien dans sa peau, fort en gueule, ayant le culte des hommes, des vrais. L’autre, Philippe (Patrick Bouchitey), réservé et secret. L’équipe de Marc ne craint pas de faire du sport sous la pluie, celle de Philippe monte une pièce de théâtre dans la salle de jeux. Un soir, Marc surprend Philippe travesti en femme, maquillé. Marc est abasourdi, Philippe gêné, craint la délation, rongé par les questions qu’il se pose sur lui-même. De là naît une complicité trouble qui va dévier sur un rapport dominant/dominé. Plaisanteries, gaillardises se muent en sarcasmes, insinuations perfides, sévices. Pour s’extraire de cette situation, Philippe cherche à s’affirmer comme homme. Échecs successifs. Ce n’est qu’à l’occasion du bal costumé de fin de colonie qu’il s’assumera... en danseuse espagnole. Coïncidence ? Marc entre en toréador. Claude Miller ne s’enferme pas dans une étude psychologique, le récit évacuant toute dramatisation outrancière, est en perpétuel équilibre instable entre gravité, farcesque (le dérisoire directeur de la colonie interprété par Claude Piéplu) et fraîcheur. Les jeux des enfants, amours enfantines et le travail sur la profondeur de champ (parodie comique à l’arrière-plan d’une scène centrale) amortissent l’excès de tragique qui risquait de s’installer. Néanmoins, le sujet reste âpre, rarement traité dans les années Giscard.

Lundi 8 février à 20 h 50 sur France 5.