Au cours d’un voyage au Maroc, le docteur Ben McKenna (James Stewart), son épouse Jo, une chanteuse célèbre (Doris Day) et leur petit garçon Hank se lient d’amitié avec un Français, Louis Bernard (Daniel Gélin) et font la connaissance d’un couple anglais, les Drayton. En plein marché, au milieu d’une foule bigarrée, le couple assiste au meurtre de Louis Bernard grimé en arabe. Avant de succomber, il confie à Ben un message énigmatique : « Ambrose Chapel. » De retour à l’hôtel, Ben et Jo apprennent que leur fils a été enlevé par les Drayton. Rentrés à Londres, menacés, ils découvrent qu’un attentat vise un ambassadeur étranger lors d’un concert au Royal Albert Hall. Le meurtrier doit tirer en profitant d’un coup de cymbales.
Dès le générique, l’intrigue est posée : un plan fixe sur deux cymbales sur fond musical et un texte : « Un coup de cymbales peut changer la vie de toute une famille. » Impatient, le spectateur est obligé d’attendre le coup fatidique. Menace de mort qui plane sur le diplomate, séquestration de Hank, montée de l’angoisse, le suspense est poussé à son paroxysme grâce à un montage saisissant qui alterne les vues sur le public mélomane qui communie avec la musique, l’orchestre, la partition en gros plan et sur le tueur qui s’apprête...
N’osant avouer l’amour qu’il porte au mélo, Hitchcock le dissimule sous l’aspect d’un film poursuite qu’il jalonne habilement de tensions au sein du couple (épouse exerçant un métier ou femme au foyer), ce qui confère à cette histoire insensée une certaine crédibilité. Un cri salvateur et une chanson« Que sera sera »ont-ils permettre au couple de retrouver quiétude et harmonie ? Par ailleurs, les années 1950 sont celles de la guerre froide et comme dans La Mort aux trousses (1959), L’Homme qui en savait trop (1956) est un nid de vipères, une guerre d’espions qui s’affrontent dans l’ombre, une guerre par procuration qui parfois implique des gens simples, innocents. Hitchcock ou l’art de jouer avec les émotions et l’envie d’être dans l’actualité de son temps.
À voir sur Arte, dimanche 17 mai à 20 h 50 et mardi 19 mai à 13 h 35.