Germinal à Lewarde

Silence, on tourne !

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 19 février 2021 à 17:33

Après le fort de Seclin, Lille ou encore le site minier d’Arenberg, l’équipe du tournage de Germinal a posé ses caméras au Centre historique minier (CHM) de Lewarde. La série pourrait être diffusée sur France 2, cet automne.

La fermeture du CHM due à la crise sanitaire peut être ici vécue comme une « chance dans la mesure où le tournage d’une fiction qui nécessite d’importants moyens, est incompatible avec l’accueil du public », souligne Karine Sprimont, directrice de la communication. Pourtant, c’est initialement au 9-9 bis d’Oignies que devait se jouer cette scène où les mineurs du Voreux incitent leurs collègues de Jean-Bart à se révolter. À Oignies, « le lieu est resté dans son jus, mais les chevalements présentaient des signes d’érosion. Pour une question de sécurité, nous avons changé nos plans », souligne Nicolas Trabaud, directeur de production.

Version « modernisée »

« Le Germinal de Berri de 1993, est aujourd’hui indigeste. Certes, sa mise en scène théâtralisée correspondait aux codes de l’époque. Nous souhaitions apporter plus de mouvement et de la nouveauté dans la narration sans toucher au texte originel bien entendu. Comme nous avons le temps de développer, nous nous intéressons davantage aux personnages », poursuit Nicolas Trabaud. « Nous amenons une esthétique nouvelle. On se replonge dans l’œuvre de Zola en lui procurant un souffle… épique. On a beaucoup travaillé l’écriture et sur la lumière. Et approfondi le rôle des femmes », confirme Carole Della Valle, la productrice déléguée de Banijay Studios France.

« C’est parti d’une boutade »

C’est cette société de production qui a imaginé cette réadaptation. « Elle est née d’un échange avec Alban Etienne, mon patron. Nous parlions des romans, comme Germinal, difficiles à lire à l’école et que l’on redécouvrait, avec plaisir, une fois adulte. En rigolant, on a lancé l’idée de le réadapter. Ce projet est parti d’une boutade », commente-t-elle. Sollicitées, France Télévisions, la RAI et la plateforme Salto ont accepté de le financer. Pourquoi la RAI ? « Parce que Zola est très connu en Italie du fait de ses origines. La chaîne italienne a aussi été séduite par le script. Et les thèmes abordés (les luttes sociales, la condition ouvrière) sont universels et malheureusement d’une incroyable actualité comme en témoigne le mouvement des Gilets jaunes. L’Histoire se répète inlassablement », constate-t-elle.

Abdelmatine Dibe rêve de devenir comédien.
© Jacques Kmieciak
Portrait

Abdel aimerait en faire son métier Originaire d’Agadir, son père a quitté le Maroc pour devenir mineur dans le Nord de la France. « Il revenait souvent très fatigué le soir à la maison. Aussi avais-je envie de mieux connaître ce métier, de me rendre compte des conditions médiocres de travail et de vie », souligne Abdelmatine Dibe, figurant. Il incarne le personnage d’un salarié de la mine Jean-Bart. Cet Halluinois de 23 ans avait déjà joué, en 2020 aux côtés de Clovis Cornillac, dans Si on chantait de Marlène Bourven, dont la sortie est programmée cet été. Demandeur d’emploi, Abdelmatine Dibe se prend désormais à rêver d’une carrière de comédien. Ces tournages lui offrent « d’accumuler de l’expérience. Je découvre les coulisses. J’apprends beaucoup ». Il se félicite du rapport entretenu avec les acteurs professionnels « très gentils, à l’écoute » à l’instar de Sami Bouajila. Cette aventure cinématographique lui a aussi permis de conforter ses réseaux. Un atout quand on sait que « le monde du cinéma est plutôt fermé. Sur les réseaux sociaux, je vais aussi rester à l’affût des offres ».