Blow out de Brian de Palma (1981)

Symphonie de sons pour un thriller politico-policier

par ALPHONSE CUGIER
Publié le 29 janvier 2021 à 17:17

Jack (John Travolta), un chasseur spécialiste des effets sonores est tellement passionné par les bruits du monde qu’il ne cesse de les enregistrer. Placé sur un pont pour saisir les sons naturels de la nuit, il assiste à un accident, une voiture vient de tomber dans le fleuve, il se précipite pour sauver les occupants, réussit à ramener une jeune femme, mais l’homme est mort. À l’hôpital, où l’on recueille son témoignage, un homme le prend à part et lui explique que la rescapée, Sally (Nancy Allen), est une call-girl et que l’homme est le gouverneur Mc Ryan qui avait la faveur des sondages pour les élections présidentielles. Jack comprend l’enjeu. Pendant que Sally dort, il réécoute inlassablement l’enregistrement et repère un autre son, différent de celui de l’éclatement du pneu. Il met en parallèle ce que son micro a capté et les photos de l’« accident » publiées par la presse, un coup de feu a bien eu lieu. Apprenant qu’un photographe était sur les lieux du drame et qu’il a filmé toute la scène, Jack cherche à récupérer la pellicule. Le tueur s’emploie à effacer toutes les traces de l’attentat. Jack se lance à ses trousses pour sauver Sally : la séquence de la gare montre comment il fait corps avec son micro lorsqu’il le suit dans le métro alors qu’au début du film le micro captait mieux que son oreille (dans Blow up d’Antonioni, 1966, un photographe découvre l’existence d’un meurtre en agrandissant ses clichés). Brian de Palma interroge de même son travail de cinéaste : la caméra, l’appareil photo, la bande sonore sont-ils des instruments fiables pour connaître la réalité du monde ? Par ailleurs, il aborde la question du puritanisme américain à travers Jack et sa peur non maîtrisée de la sexualité. La mise en scène virtuose de Brian de Palma qui se déploie ou se désigne avec ostentation pour mieux apprécier ses pouvoirs, épouse parfaitement les actions (complot, filatures, poursuites, guet-apens) jusqu’à un dénouement théâtralisé paroxystique. John Travolta, excellent comédien, doublé par Gérard Depardieu dans la version française.

À (re)voir lundi 1er février à 20 h 50 sur France 5.

(Photo : © Droits réservés)