Violée quand elle était enfant, Andréa Bescond a exprimé sa souffrance au théâtre avec Les chatouilles ou la danse de la colère, une interprétation pour laquelle elle a obtenu un Molière de la meilleure « seule en scène ». Elle décide d’alerter plus largement le public sur la douleur de cette enfance violée en coréalisant avec Éric Métayer le film Les Chatouilles. Les premières scènes du film débutent sur les apparences d’un bonheur familial qui cache les blessures de la jeune Odette, 9 ans, victime de Gilbert, un prédateur sexuel qui a le visage rassurant du meilleur ami de ses parents. La jeune enfant se tait et avance dans sa vie d’adulte en tant que danseuse professionnelle mais les souvenirs qu’elle a enfouis surgissent tel un tsunami qu’elle ne pourra pas contrôler sans l’aide d’une psy et de ses amis, une souffrance en partie apaisée le jour où la justice prononcera les mots de violeur et de victime. Libérer la parole a été un acte difficile pour Andréa Bescond qui joue son propre personnage adulte face à une mère murée dans son aveuglement et son déni, une mère dont la dureté et les doutes liés à la peur du bannissement social ont le visage expressif de Karine Viard. Le film est un coup de poing d’une violence sourde qui révèle les difficultés à dénoncer la perversité d’un homme ordinaire et affable parfaitement cerné par l’acteur Pierre Deladonchamps. Cyrille Mairesse, bien entourée par l’équipe, porte sur ses épaules le rôle délicat de la jeune Odette dans un film sensible où la danse et la musique expriment avec intensité ce que les paroles ont du mal à dire.
À voir mercredi 17 mars, à 21 h 05, sur France 2.