Les salariés se sont de nouveau mobilisés, ce 31 mai, contre la fermeture annoncée des deux usines de Valdunes, à Trith-Saint-Léger et à Leffrinckoucke. C’est devant cette dernière qu’était organisé un rassemblement. Malgré la reprise du travail le 23 mai après l’obtention d’une prime de 1 050 euros mensuelle et le versement des salaires des vingt jours de grève, plus d’une centaine de personnes étaient réunies pour rappeler leurs peurs et leurs impatiences face à l’attente d’un repreneur. L’actionnaire unique chinois MA Steel ayant annoncé son retrait total. Responsable méthode au sein de la forge depuis quinze ans, Olivier Bournisien explique : « Il y a beaucoup de démissions. Les salariés sont dans l’incertitude, ils préfèrent aller autre part, rien que cette semaine on a eu deux départs. Parmi eux, beaucoup retournent dans la sidérurgie, à Arcelor par exemple. » En soutien aux manifestants, Fabien Roussel était à nouveau sur place. Face aux salariés, il a proposé un compte rendu détaillé de son entretien, tenu la veille, avec le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, et celui de l’Industrie, Roland Lescure. Au programme, les avancées du dossier et sa vision pour attirer de nouveaux investisseurs. « En premier lieu, la question énergétique. C’est ce qu’il faut régler en priorité. Il faut trouver, avec Ascometal, une solution pour que Valdunes soit indépendante, ait son propre réseau et compteur électrique. On est à côté de la centrale de Gravelines, vous bénéficiez de l’électricité nucléaire la plus décarbonée d’Europe, et normalement la moins chère, a clamé le député du Nord devant l’assistance. Les pièces produites ailleurs au bilan carbone plus mauvais que le nôtre ne doivent pas être dans la commande publique. La SNCF ou la RATP doivent privilégier les pièces provenant de Valdunes. » De quoi trouver l’approbation des ouvriers. « En second lieu, il faut régler la question du fret. On va donc aller voir le ministre des Transports et SNCF Fret pour remettre en état la voie ferroviaire Coudekerque-Leffrinckoucke pour transporter le matériel », a pour- suivi le communiste, qui estime à 7 millions d’euros les travaux nécessaires, « si la SNCF investit, la Région suivra et nous trouverons une solution. » De son côté, Olivier Bournisien s’impatiente : « Des bruits de couloir disent que Lucchini ou Decaflor, des concurrents, seraient candidats pour un rachat. Mais je n’y crois pas vraiment. Ils n’ont aucun intérêt à nous reprendre, ils ont le même savoir-faire que nous et sont fortement développés dans le sud de la France, estime le salarié qui espère que sera défendue la fabrication française. On a encore des clients qui nous appellent tous les jours. » Alors qu’Emmanuel Macron annonçait en grandes pompes, le 12 mai à Dunkerque, un plan pour accélérer l’ouverture de nouvelles usines, le contraste saute aux yeux. Ce que ne comprend pas Philippe Lihouck, délégué syndical CGT Valdunes Leffrinckoucke : « Ce discours d’en haut – “On va réindustrialiser et garder le savoir-faire essentiel en France”– nous choque. Valdunes est justement le cas d’école pour prouver ce souhait de réindustrialiser le pays et conserver le savoir-faire. Il y a les paroles, mais il faut des résultats ! J’ai bien l’impression qu’ils ne sont pas à la hauteur de ce qui est affiché, regrette le syndicaliste. On avait demandé la nationalisation temporaire de l’entreprise, on ne l’a pas eu. Cela aurait rassuré les clients et on aurait pu garder le personnel. Le savoir-faire est encore là, mais pour combien de temps encore ? »
Soïzic Lozacheur
À Leffrinckoucke, Fabien Roussel expose les moyens de sauver Valdunes
par Mack Salman et Thomas Messaoudine
Publié le 2 juin 2023 à 17:39
“On ne gagnera une élection, quelle qu’elle soit, que si on remporte des victoires sociales et écologistes”, s’est écrié le député du Nord, dans un colloque parisien organisé par Libération. Cette volonté de vaincre s’est manifestée le 31 mai à la forge de Valdunes lors d’une mobilisation.
95 des 236 emplois menacés chez Valdunes sont sur le site de Leffrinckoucke. 18 millions de tonnes d’acier sont produites chaque année à la forge. 14 milliardsde dollars, c’est le chiffre d’affaires annuel de MA Steel.