Depuis le 19 janvier, les salariés de cette usine de fabrication de moteurs sont à l’offensive. « À chaque journée d’action, nous sommes entre 150 et 200 à débrayer de deux à huit heures. Nous avons aussi participé aux défilés à Lille ou Béthune », souligne Fabrice Jamart qui rappelle que la CGT (en progression avec 30 % des voix aux dernières élections professionnelles d’avril 2022) est la seule « à appeler à la grève dans l’entreprise avec l’idée de faire mal au porte-monnaie du patron pour qu’il aille se plaindre plus haut. Mais FO (31 %) et d’autres syndicats réformistes comme la CFTC se contentent de petits affichages d’appels à manifester sans arrêt de travail pour ne pas embêter les actionnaires d’une multinationale qui a enregistré près de 177 milliards de bénéfices en 2022 ». Peu importe à la CGT le non examen, vendredi dernier à l’Assemblée nationale, du fameux article 7 de la loi qui prévoit le passage de l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans. « Ce n’est pas au Parlement que ça se passera », assure Fabrice Jamart convaincu de la nécessité « de, quitte à perdre de l’argent en manifestant, désormais taper plus fort » pour faire plier un pouvoir autiste. Aussi, depuis quelques jours, les interventions des délégués syndicaux dans les ateliers se multiplient afin de sonder la classe ouvrière « et décider tous ensemble de façon démocratique. Si on doit bloquer l’usine forte de 900 travailleurs en CDI, ce n’est pas à deux ou trois qu’on le fera. Même à 50 ou 100, ce sera trop juste, on se fera déloger par les CRS ». Dans la perspective de la prochaine journée de mobilisation du 7 mars, il compte sur « un soutien massif des salariés avant d’entreprendre quoi que ce soit. Dans le cas contraire, nous nous rattacherons aux initiatives de notre Union locale ou de notre fédération régionale de la métallurgie ».
Soutien massif espéré
Fabrice Jamart se souvient « des blocages durs de ronds-points en 2016 à Béthune, en vue de l’abrogation du projet de loi El Khomri ». Aujourd’hui, d’autres initiatives pourraient être envisagées comme l’arrêt de la circulation sur la rocade minière. « Des camarades en parlent. Si on en arrivait à ce niveau-là, je serais content », insiste Fabrice Jamart qui croit dur comme fer au blocage de l’économie « parce que notre président Macron est un banquier, il ne comprend que ce langage »...