Monsieur Lescure, entendez-vous ?

Carelide en redressement

par JEAN-LOUIS BOUZIN
Publié le 16 décembre 2022 à 12:35

Dernier fabricant en France de poches de perfusion pour les hôpitaux, Carelide à Mouvaux menacé de fermeture. Où l’on retrouve un condensé des travers (concurrence exacerbée, délocalisation, recul du public, prix du plastique...) que dénonce chaque semaine ou presque, notre chroniqueuse Santé.

Basée à Mouvaux, la société Carelide est en redressement judiciaire depuis fin octobre. L’entreprise n’est pas petite. Elle emploie 425 salariés en CDI auxquels s’ajoutent 130 intérimaires. Elle n’est pas, à véritablement parler, un canard boiteux. Chiffre d’affaires annuel : 39 millions d’euros, soit plus de 70.000 euros par salarié. Carelide est unique. C’est le dernier fabricant en France de poches de per-fusion (notamment de paracétamol) pour les hôpitaux ! Le tribunal de commerce de Lille a donné la date du 5 janvier comme der-nier délai pour trouver un repreneur. Pour l’instant, une offre serait sur la table qui ne semble pas générer l’enthousiasme. Que se passera-t-il après le 5 janvier si aucune offre de reprise n’est retenue, voire même présentée ? Les difficultés chez Carelide proviendraient de la hausse des prix des plastiques, trop forte pour pouvoir concurrencer les prix très bas proposés aux hôpitaux par d’autres fournisseurs, dont l’un allemand et l’autre américain. La Région a un œil sur le dossier, le ministère de l’Industrie aussi, qui avait d’ailleurs fourni une aide de 5 millions d’euros en 2020. En gros, les autorités suivent... Mais, cela suffit-il à l’heure où la France mesure combien elle a eu tort de laisser délocaliser la production de nombreux médicaments à l’autre bout du monde ? De 470 dans les années 80, les entreprises de fabrication de médicaments en France ne sont plus que 247. Est-ce raisonnable de laisser le sort d’une entreprise d’intérêt général comme Carelide dépendre du simple bon vouloir d’un repreneur qui ne se décidera qu’en fonction d’un seul critère : l’argent qu’il pourra ou non tirer de cette affaire ? Peut-on courir le risque de laisser s’effondrer un nouveau morceau de souveraineté industrielle française en matière de santé, de laisser s’envoler des centaines d’emplois et le savoir-faire de personnels qui ont souvent entre 15 et 30 ans d’expérience ? Monsieur Roland Lescure, vous qui devez avoir de l’importance à en juger par la longueur de votre titre «  ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargé de l’Industrie  », entendez-vous ?