120 emplois menacés

Cathy Apourceau-Poly demande la nationalisation de l’entreprise pharmaceutique Synthexim

par Alain Etienne
Publié le 20 avril 2023 à 11:49 Mise à jour le 21 avril 2023

Depuis le 9 mars, la sénatrice communiste du Pas-de-Calais, Cathy Apourceau-Poly, interpelle le gouvernement, et notamment les ministres de la Santé et de l’Industrie sur le risque de liquidation de l’entreprise Synthexim à Calais par le tribunal d’Orléans, une usine de 120 salariés qualifiés dans la production de composants médicamenteux.

Synthexim produit ce qui nous manque

Synthexim, en redressement judiciaire est mise en vente par son propriétaire. Or, dans le même temps, la France connaît des difficultés pour s’approvisionner en Ritaline, un médicament utilisé pour soigner les personnes atteintes de trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité, que cette usine est capable de produire. On y produit également des molécules indispensables à la fabrication de médicaments, actuellement en rupture de stock à l’échelle européenne. C’est le cas du disulfirame, utilisé dans le traitement de la maladie alcoolique. Synthexim a les ressources humaines pour en fabriquer bien d’autres, qui font aujourd’hui régulièrement défaut sur le marché, comme le chlorhydrate de méthylphénidate, prescrit aux enfants hyperactifs… Dans le même temps, depuis les débuts de la crise du Covid, la France est en rupture de stock de médicaments et de matériels médicaux dans presque tous les domaines.

L’État, la Région et la Ville aux abonnés absents...

Cathy Apourceau-Poly demandait l’intervention de l’État pour faciliter la reprise de Synthexim, deux repreneurs - un Italien et un Lillois - s’étant placés sur les rangs. Malheureusement l’État, tout comme la Région Hauts-de-France et la Ville de Calais sont aux abonnés absents sur ce dossier. Le candidat italien à la reprise a retiré sa proposition et le Lillois ne donne plus de nouvelles. Il n’y a plus de repreneurs ! On semble donc aller à la liquidation le 2 mai, avec une prolongation d’activité jusque fin juin, pour nettoyer le site a informé la CGT. Dans l’entreprise, le climat est explosif. La sénatrice communiste s’est donc adressée cette semaine en urgence au président de la République en rappelant son engagement télévisé du 17 avril à réindustrialiser la France.

Une solution : la nationalisation de Synthexim

Ce site industriel, qu’occupait autrefois Calaire-Chimie, est classé Seveso 2. Il est devenu impossible aujourd’hui, en France comme dans la plupart des pays européens, de créer, ex-nihilo de nouveaux sites Seveso. À chaque fois qu’un tel site est fermé, c’est un pan de l’industrie chimique française qui disparaît irrémédiablement. La fermeture de Synthexim signifierait que la désindustrialisation de la France se poursuit. « L’État doit mettre Synthexim et ses salariés sous sa protection. Pourquoi l’État ne reprendrait-il pas temporairement l’entreprise calaisienne, en la remettant à flot pour en faire une vitrine de la réindustrialisation dans le domaine de l’industrie chimique ? Une nationalisation, même temporaire, me semble être la meilleure solution pour sauver Synthexim (…), dernier site chimique de Calais », écrit la sénatrice. Il y a un an et demi, le gouvernement annonçait le plan France Relance pour soutenir l’investissement et la modernisation des industries de santé et (re)localiser ou développer des productions. Une promesse réaffirmée cette semaine lors de son allocution. L’aura-t-il déjà oubliée trois jours plus tard ?

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