Il y a quelques années, les cheminots étaient à l’avant-garde pour la défense de leur statut. Aujourd’hui, c’est nous. À chaque page de l’Histoire correspond une corporation qui sort son épingle du jeu. Nous pourrions être un exemple pour d’autres. » Coordinateur régional des syndicats de la région des Hauts-de-France de la FNME-CGT, Romain Fronek ne mâche pas ses mots. Il estime que cette exemplarité, telle qu’il la considère, fait peur tant au gouvernement qu’aux médias. « En réalité, notre combat, on le mène proprement.
Des actions ciblées
On ne vise pas la population, les foyers. On vise les grandes entreprises, les groupes du CAC 40, les institutions comme les préfectures, les mairies, les députés et sénateurs de la majorité. » Pourtant, les actions ne passent pas aussi inaperçues. On se souvient bien sûr des blocages des stockages pétroliers et des raffineries, à l’automne dernier. Les salariés se battaient essentiellement pour leurs salaires. Dans le domaine de l’électricité, en 2011, les syndicats CGT, CFDT, FO et CFE-CGC ont fait reculer le projet de réforme Hercule qui visait à scinder EDF en trois entités : une entreprise publique (EDF bleu) pour les centrales nucléaires, une cotée en Bourse pour la distribution d’électricité et les énergies renouvelables (EDF Vert) et une troisième (EDF Azur) pour les barrages hydroélectriques dont les concessions devaient être remises en concurrence sous la pression de Bruxelles. C’était à coup sûr la mort du service public d’électricité. Le gouvernement a finalement rebaptisé son projet « Grand EDF » et l’a repoussé à une date indéterminée. En 2022, rappelle encore Mouadh Aboudi, secrétaire général de CGT Mines-Énergie pour Lille métropole, « un conflit des gaziers s’est étendu du 25 janvier jusqu’à fin mars pour les zones sensibles. En fin de la même année, ils ont mené une grève de six semaines pour leurs salaires. Les luttes ont été gagnantes à chaque fois.
Dans l’attente
Nous sommes organisés et nous avons su mettre en place un vrai rapport de force ». Pour en revenir au conflit actuel contre la réforme des retraites, les énergéticiens ont conscience de la fatigue et de la difficulté à maintenir la pression au même niveau. « C’est quand même énorme le fait que les agents continuent de se battre en dépit des pertes d’argent », observe Romain Fronek. « On est monté jusqu’à 70 à 75 % d’agents dans les luttes. Aujourd’hui, on est à 50 %. » Comment envisager l’avenir du mouvement après la décision du Conseil constitutionnel ? « Si, aujourd’hui, on regarde le taux de grévistes, on sent bien que nous sommes dans une phase descendante, et en plus les vacances scolaires démarrent ce vendredi, mais la motivation est toujours là. On a besoin de reprendre un second souffle. La décision du Conseil constitutionnel de ce vendredi sera peut-être la mèche qui relancera la mobilisation. » espère-t-il.
Solidarité et relance
Dans la métropole lilloise, Mouadh Aboudi ne dit pas autre chose pour les gaziers. Il évoque la caisse de grève à laquelle les retraités ont abondé à hauteur de 6 000 euros. « Nous remettons les compteurs à zéro et nous repartons sur un nouveau souffle. » À moins d’un retrait de la réforme ? Vendredi matin, personne ne semblait y croire.
Sophie Binet aux cotés des salariés de Verbaudet Sophie Binet, la secrétaire générale du syndicat CGT fraîchement élue, devait se rendre, ce vendredi 14 avril dès 8h30, sur le site Vertbaudet de Marquette-lez-Lille. Son souhait de soutenir la lutte des salariés, en grève depuis le 20 mars, revêt une valeur fortement symbolique. Celle d’un groupe qui réalise plus de 300 millions de chiffre d’affaires et qui refuse d’augmenter les salaires. « Nous sommes toutes au Smic avec parfois vingt ans d’ancienneté », nous confiait récemment Manon Ovion, la déléguée CGT du site qui emploie un peu moins de 300 personnes, majoritairement des femmes. Vendredi 7 avril, les représentants du personnel étaient reçus par la commission régionale de conciliation. Bilan plus que mitigé. La direction a renvoyé les salariés à de futures négociations avec l’espoir d’une augmentation de 1,8 %. Parallèlement, cette même direction a favorisé la circulation d’une prétendue pétition de salariés non-grévistes qui vantent des conditions de travail appréciables et font part de leur crainte de voir leur emploi disparaître. Manière grossière de tenter la division et de faire porter le poids de la crise sur le dos de la centaine de salariés en grève.
Sophie Binet, la secrétaire générale du syndicat CGT fraîchement élue, devait se rendre, ce vendredi 14 avril dès 8h30, sur le site Vertbaudet de Marquette-lez-Lille. Son souhait de soutenir la lutte des salariés, en grève depuis le 20 mars, revêt une valeur fortement symbolique. Celle d’un groupe qui réalise plus de 300 millions de chiffre d’affaires et qui refuse d’augmenter les salaires. « Nous sommes toutes au Smic avec parfois vingt ans d’ancienneté », nous confiait récemment Manon Ovion, la déléguée CGT du site qui emploie un peu moins de 300 personnes, majoritairement des femmes. Vendredi 7 avril, les représentants du personnel étaient reçus par la commission régionale de conciliation. Bilan plus que mitigé. La direction a renvoyé les salariés à de futures négociations avec l’espoir d’une augmentation de 1,8 %. Parallèlement, cette même direction a favorisé la circulation d’une prétendue pétition de salariés non-grévistes qui vantent des conditions de travail appréciables et font part de leur crainte de voir leur emploi disparaître. Manière grossière de tenter la division et de faire porter le poids de la crise sur le dos de la centaine de salariés en grève.