@ Nadia Daki

« Donner une chance aux carottes tordues »

par Nadia DAKI
Publié le 2 décembre 2022 à 16:58

Le gaspillage alimentaire opère également chez les agriculteurs. Devant répondre aux exigences de la grande distribution et aux contraintes des calibres, ils sont parfois obligés de rejeter une partie de leurs collectes. L’entreprise Hors Normes les commercialise sous forme de paniers à un prix intéressant.

Pour Sven Ripoche, cofondateur de Hors Normes, il faut remonter tout en haut de la chaîne de production : «  Pour être davantage efficace, la lutte contre le gaspillage alimentaire doit se faire en amont, du côté des agriculteurs et des industriels. On connaît bien le gaspillage alimentaire qui a lieu à la maison mais moins celui qui se produit au niveau de la production agricole et lors de la préparation de produits transformés.  » Arrivée à Lille il y a deux mois, la startup a déjà fait ses preuves à Paris, Marseille et Lyon. « Notre approche est de travailler avec des producteurs français et bio, poursuit Sven Ripoche. Chaque semaine, nous préparons des paniers avec des produits dédiés à la poubelle. Il peut s’agir d’un pic de production ou de produits qui ne répondent pas aux contraintes de calibre ou aux critères esthétiques. Il faut donner une chance aux carottes tordues qui sont tout aussi délicieuses. »

Des producteurs et des clients au rendez-vous

300 Lillois commandent chaque semaine leur panier sur le site internet de Hors Normes qui leur coûte en moyenne 30 à 40 % moins cher qu’un panier garni de canons de beauté. « C’est un beau démarrage en seulement deux mois, se réjouit le cofondateur. Mais il y a encore beaucoup de fruits et légumes à sauver. Un tiers de ce qui est produit n’est pas mangé. En moyenne, 5 à 10 % des productions finissent en méthanisation ou en bord de champ.  » Depuis sa création en 2020, Hors Normes sauve en moyenne 30 tonnes de fruits et légumes par semaine pour l’ensemble des quatre villes où l’entreprise est présente. A Lille, déjà 300 agriculteurs travaillent en lien direct avec Hors Normes, en plus des 130 agriculteurs de la coopérative agricole Norabio. L’engouement est là : « une centaine d’autres agriculteurs nous contacte chaque semaine, glisse Sven Ripoche. On ne peut pas prendre tout le monde. » En effet, la raison d’être de la structure est de rendre accessible le bio. Tout en évitant le gaspillage et en limitant la pollution. « Et cela génère un revenu supplémentaire aux producteurs. Tout le monde est gagnant  », conclut Sven Ripoche.