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Gournay-sur-Aronde (Oise) : La résistance salvatrice des gaziers de Storengy

par Philippe Allienne
Publié le 1er mai 2023 à 15:06 Mise à jour le 9 mai 2023

Les salariés du site de stockage gazier de Storengy, à Gournay-sur-Aronde, sont entrés dans l’action contre la réforme des retraites dès le 19 janvier. Depuis, avec ceux des autres sites, ils comptent à leur actif 12 jours de blocage et ils en étaient à leur 42e journée de grève le 21 avril, jour où les piquets de grève ont été levés pour une semaine en raison de l’absence de nombreux salariés, partis en congés. Le mouvement reprend à partir de ce vendredi 28 avril. « Nous sommes en grève reconductible depuis le 7 mars, explique Frédéric Ben (délégué syndical CGT et responsable du secteur gaz pour la FNME CGT). Les salariés font une filtration à l’entrée des stockages souterrains pour toute la France. Sur les piquets de grève, les agents tournent à tour de rôle pour une à quatre heures de grève par jour. Du 7 mars au 21 avril, les sites ont été bloqués et aucune entreprise sous-traitante ne pouvait entrer. » Premier opérateur de stockage de gaz naturel en Europe et premier producteur de bio-méthane en France via Engie Bioz, Storengy emploie 650 salariés, dont 200 au siège social et 400 répartis sur 11 sites de stockage classés Seveso. Sur la plupart, les effectifs sont inférieurs à 50 personnes. Cela peut descendre à 22. Pour donner de l’efficacité au mouvement social, des ralliements sont effectués pouvant rassembler jusqu’200 salariés sur le site de Gournay. La stratégie des blocages a conduit à une perte d’environ deux milliards d’euros pour l’ensemble des entreprises de l’Industrie électrique et gazière (IEG, ex EDF-GDF). « En janvier, nous avons ralenti le débit sur le réseau, précise Frédéric Ben. Cela a coûté beaucoup aux fournisseurs. Les terminaux méthaniers étaient également à l’arrêt. Le 7 mars, les stockages étaient encore emplis à 50 %. Après 42 jours de grève, ils le sont à 20 % seulement. Cela veut dire que petit à petit, on entame sur les réserves pour l’hiver prochain. Des coupures sont à prévoir. Nous avions prévenu que notre action n’était pas visible immédiatement mais qu’elle aura un impact important pour l’hiver prochain. » La commission de régulation de l’énergie est alertée, mais le silence du gouvernement ne sera pas sans conséquence pour la livraison des particuliers. Pour l’heure, la grève a un impact sur les grandes entreprises et sur les centrales combiné gaz. Ces dernières produisent 11 % de l’électricité en France. Le gaz de schiste importé des Etats-Unis est également touché avec le blocage d’une centaine de navires méthaniers. En tout cas, les gaziers ne sont pas près de lâcher et continuent à revendiquer leur régime spécial de retraite. « Avec la réforme, nous ne toucherons plus que 50 % de notre salaire sur les 25 meilleures années (au lieu de 75 % auparavant) alors que nous avons cotisé 12,7 % au lieu de 6 % dans le privé. C’est juste pas possible.

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