« Je ne suis plus en capacité d’absorber la demande en métropole lilloise, annonce Rémy Becuwe, président de la Croix Rouge du Nord. Dans l’Avesnois et le Valenciennois, les demandes sont très nombreuses. Les situations sont de plus en plus compliquées avec des restes à charge souvent proches de zéro voire négatifs. » Le relais est fait vers des partenaires et d’autres associations. Comment en est-on arrivé là ? « Par un cumul de problématiques, explique Rémy Becuwe. Depuis un an, la situation générale s’est fortement dégradée avec l’arrivée de nouveaux publics : une trentaine de familles ukrainiennes ont fui la guerre. Ensuite, des personnes qui étaient à la limite de venir chez nous mais qui tenaient jusque-là le coup. Elles venaient de façon ponctuelle. Depuis, elles ont subi de plein fouet l’inflation et ont basculé. » Conséquence, pour la section du département du Nord, cela représente une hausse de 35 à 40%. « Nous ne pouvons plus répondre à la demande en aide alimentaire en métropole lilloise », regrette le responsable.
Des cumuls de complications
La Croix Rouge doit faire face à une autre complication : elle subit elle aussi l’inflation. « Une partie des dons nous est versée par la Banque alimentaire, l’autre nous l’achetons. Sur cette partie, les prix ont particulièrement augmenté. » L’association voit également la partie ramassage en magasins diminuer. « On sent une diminution nette, continue Rémy Becuwe. Les enseignes proposent de plus en plus de paniers pas chers de produits à date courte. Ce sont autant de denrées que nous ne récupérons pas. »
La Croix Rouge peut néanmoins compter sur les dons financiers. « A la Croix Rouge, nous avons privilégié les dons en argent pour pouvoir être plus réactifs. En effet, c’est plus compliqué de gérer des produits car cela suppose de les stocker et parfois d’en manquer. » Comme ses homologues de la Banque alimentaire et des Restos du cœur, Rémy Becuwe note sans détours le nombre croissant de demandes d’urgence et l’arrivée plus nombreuse de jeunes. « Ce n’est jamais facile de pousser les portes d’une association pour demander à manger. Il y a une certaine gêne et des regards qui en disent long. Cette situation est vraiment inédite avec le cumul de publics variés et le cumul des difficultés qui les accable. »