Jean-Louis Callens : « L’aide d’urgence a augmenté de 5% l’an dernier. » © Phillipe Allienne
Pour le Secours Populaire

La pauvreté est plus marquée

par Nadia DAKI
Publié le 16 décembre 2022 à 14:05

L’autre grand acteur de l’aide alimentaire n’est pas épargné par la hausse des demandes. Le Secours Populaire partage le constat de ses partenaires et évoque son inquiétude.

«  Cette année, les dons ont été tout justes. Nous sommes inquiets face à la montée de la pauvreté, introduit Jean-Louis Callens, secrétaire général de la fédération du Nord du Secours Populaire. On est aidés par les pouvoirs publics mais toujours avec un an de décalage. J’estime que le gouvernement pourrait faire des efforts supplémentaires. » Le Secours Populaire Français propose une fois par mois des colis alimentaires d’une valeur marchande de 100 à 120 euros, correspondant à la composition familiale. Et ce, en contre-partie d’une participation de 13 euros. «  Ce que l’on constate, c’est que de plus en plus de personnes ne peuvent même plus s’acquitter de ces 13 euros, indique Jean-Louis Callens. On bascule alors dans l’aide d’urgence et c’est bien cette dernière qui a augmenté de 5% l’an dernier. » La section du Nord accompagne 11 250 personnes.

Un mille-feuilles des difficultés

« Manger, c’est obligatoire. On en a besoin pour vivre. Beaucoup de personnes s’en privent et survivent, regrette Jean-Louis Callens. Depuis peu, on voit plus de personnes qui cumulent les difficultés. Avant, elles pouvaient ne pas manger pour payer leurs factures. Aujourd’hui, elles n’arrivent plus à les payer, même si elles ne mangent pas. » L’association ne fait pas que dans l’aide alimentaire. Elle participe, quand c’est possible, au paiement de certaines factures et négocie des facilités de paiement avec les fournisseurs. Elle aussi voit les étudiants augmenter les rangs des personnes en difficulté. « Avant, ils étaient plus ou moins 450. Aujourd’hui, ils sont facilement le double. On voit également plus de familles  », précise le secrétaire général.

Redonner de la dignité

Le Secours Populaire Français multiplie les partenariats pour, dans un premier temps pouvoir répondre à la demande mais aussi pour apporter un petit plus. « C’est très compliqué de venir demander de l’aide pour manger, abonde à son tour Jean-Louis Callens. Au Secours Populaire, on demandera toujours si la personne ne peut pas elle-aussi nous aider, en triant les légumes par exemple ou en participant aux distributions. Ce n’est pas une contrepartie, elle peut bien évidemment refuser mais c’est important de lui montrer qu’elle peut faire quelque chose pour les autres. » C’est dans cette optique qu’une participation est demandée pour les colis. « On essaie de sortir de cette idée de charité. C’est important de redonner de la dignité aux personnes dans un moment très difficile pour elles. » Toujours dans cette optique, la fédération du Nord a noué un partenariat avec quatre restaurants lillois : la Chicorée, Aux Moules, Chez Morel et Meert. «  Pour la deuxième année consécutive, nous avons pu offrir un repas au restaurant à 430 personnes venues de Roubaix, Tourcoing, Lille, Lomme, Condé-sur-l’Escaut ou Seclin, se réjouit Jean-Louis Callens. Ce n’est pas grand-chose mais c’est une belle opération. Comme l’opération ‘’vacances pour tous’’ qui permet d’emmener les familles modestes à la plage. Ça permet de remonter un peu le moral.  »