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À Roubaix

Les gaziers grévistes déplorent une absence de dialogue

par Alice Labro-Terrier
Publié le 11 février 2022 à 11:28

Une trentaine d’agents de GRDF se sont mobilisés jeudi 10 février, à Roubaix. En grève depuis le 25 janvier, ils demandent une augmentation de leurs salaires ainsi qu’une reconnaissance financière de leurs interventions en zones sensibles.

« Rien de concret n’est sorti de cet échange, c’était vide, rien. » C’est ce qu’ont amèrement déclaré les grévistes, après une heure de réunion avec une adjointe du directeur, sur le site, qui n’était pas mandatée pour répondre à leurs revendications. Alors qu’ils n’ont qu’une revendication locale, ajoutée aux revendications nationales, les agents de GRDF à Roubaix, se sentent délaissés par leurs employeurs. La reconnaissance financière envers les agents qui interviennent dans les zones sensibles est primordiale. Ils témoignent de violences quasi quotidiennes à leur encontre. « On a des collègues qui se sont fait braquer. On a un collègue qui a subi une tentative de viol. Pourtant, ils continuent de venir au travail », explique Mouahd Aboudi, secrétaire général de la CGT Énergie Lille métropole. S’ils savent que cette reconnaissance financière ne réglera pas les violences, ils estiment qu’elle permettra un soutien et une reconnaissance de leur travail dans ces zones.

« On se demande comment on va finir les fins de mois »

« On intervient dans les zones sensibles. On vit dans ces mêmes zones. On n’a pas les moyens de déménager. Avec les salaires que l’on touche, c’est impossible », dit un agent. Impossible donc pour eux d’envisager un avenir serein, au travail, comme dans leurs vies privées, avec des salaires si bas. S’ils ont reçu une augmentation de 0,3 % du SNB (salaire national de base), elle ne suffit pas puisque l’inflation pour l’année 2021 devrait dépasser les 2,5 %. Cette augmentation ne représente que quelques centimes sur leurs fiches de paie, alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter. « Sur le SNB, j’entends ce que vous dites, mais vous savez que moi, en local, je ne peux rien faire », répond le directeur du réseau Nord-Ouest GRDF, rencontré en fin d’après-midi au siège de Lille. Rencontre qui n’a rien donné non plus.

Caisse de soutien et pressions de la direction

Lors du piquet de grève ce jeudi matin, les retraités syndiqués de la CGT, anciennement agents du gaz ou de l’électricité, ont tenu à faire part de leur soutien envers les grévistes. « On est fier des jeunes qui se battent pour leurs conditions de travail et pour le service public » assure Yvon Quintin, ajoutant qu’une caisse de grève existe pour soutenir les travailleurs de l’énergie en lutte. Mouahd Aboudi déplore par ailleurs le manque de respect de certains employeurs. « Il n’y a pas de dialogue social. Cette année, les organisations syndicales de GRDF n’ont pas signé les accords de mesures salariales, donc l’employeur est passé de force par une décision unilatérale de l’employeur, c’est un genre de 49-3. » Malgré tout, les grévistes du site de GRDF à Roubaix ne lâchent rien et continueront de se mobiliser, autant qu’il le faudra.