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Les retraités s’invitent chez le MEDEF

par MARC DUBOIS
Publié le 9 décembre 2022 à 15:22

Ils manifestaient mardi 6 décembre à Marcq-en-Barœul pour, entre autres, une revalorisation minimum de 6,2% des retraites complémentaires

Le MEDEF était la cible des retraités – CGT, Solidaires, FSU, FGR, LSR - ce 6 décembre, venus au nombre d’une centaine du Nord et du Pas-de-Calais, ainsi que quelques actifs, manifester au siège du patronat régional à Marcq-en-Barœul. Le patronat parce que, dans le cadre d’une gestion dite « paritaire » des retraites complémentaires du secteur privé AGIRC-ARRCO (19,3 millions de cotisants pour 13,2 millions de retraités), celui-ci impose une réduction de leur niveau pour les salariés en renchérissant la valeur d’acquisition des points de ces retraites et en dévalorisant ces mêmes points à leur liquidation. Quand l’AGIRC-ARRCO gère pourtant par ailleurs 70 milliards d’euros de placements financiers, en progression de 6 milliards. En 14 ans, le niveau de la retraite de base a augmenté de 18,40 %, et celui des complémentaires de 18,30% (hausse de 5,12% de novembre 2022 comprise), quand le SMIC et le salaire moyen ont augmenté respectivement de 31,2% et de 32,9%. Une baisse du niveau de pension pouvant atteindre un mois. Avec une inflation évaluée entre 7,5% et 8% en moyenne cette année les conséquences sont et seront d’autant plus douloureuses pour des millions de retraités. Il y a bien convergence entre les revendications de ces derniers et celles des actifs pour faire face à leurs besoins. Le niveau élevé des salaires des uns est nécessaire pour bien vivre, en même temps qu’il conforte par les cotisations le financement de la Sécurité sociale, donc des futures retraites et des retraités.

Réforme des retraites : même le patronat n’en veut pas

A contrario, les contre-réformes successives menées ou tentées par les gouvernements et voulues par le patronat ont comme objectif de « faire baisser le montant des pensions, qu’ils considèrent comme un coût  » et d’ouvrir toujours plus le « marché » des retraites au secteur financier, aux fonds spéculatifs. Reçus en délégation, mardi, les représentants syndicaux ont revendiqué une revalorisation minimum de 6,2% de l’AGIRC-ARRCO, la suppression de malus de 10% imposé sur 3 ans à ceux partant en retraite avant 63 ans, la baisse de la valeur d’acquisition des points, la prise en compte dès 1€ cotisé, etc. Ce mardi, les syndicalistes ont entendu les représentants du MEDEF assurer que celui-ci n’était pas demandeur d’une réforme dont ils disent ignorer le contenu. Le patronat ne revendique certes pas avec les syndicats la revalorisation des retraites, la retraite à 60 ans et le rétablissement d’un système par répartition et solidaire. Mais sa réaction justifie d’autant plus une mobilisation afin d’empêcher Emmanuel Macron et Elizabeth Borne une réforme dont décidément personne ne veut.