Masques, gel hydroalcoolique et distanciation sociale, cette année les soldes ont une saveur particulière. Cette période exceptionnelle, pendant laquelle les distributeurs peuvent vendre à perte, avait été décalée à la demande des commerçants, éprouvés par la crise sanitaire. Pourtant, dès le 11 mai, certaines boutiques affichaient déjà d’importantes promotions. « Beaucoup d’enseignes ne souhaitaient pas qu’ils soient décalés en juillet, explique Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du commerce. Les gens préparent leurs vacances, les grandes villes commencent à se vider et le télétravail restreint les flux de population. » Une question de survie pour les grandes enseignes contraintes d’écouler leurs stocks pour renflouer les caisses. Malheureusement, à l’aube du déconfinement, peu de personnes s’étaient précipitées dans les magasins. Si, 40 % des Français sont retournés faire des achats, 71 % d’entre eux affirment que ceux-ci étaient de « nécessité ». En effet, ce sont 55 milliards d’euros que les Français auraient « sur-épargné » au cours des huit semaines de confinement. Soit plus de 2 milliards d’euros perdus chaque jour, pour l’économie française.
Rares se font les clients
Fragilisé par les cinq premiers mois de l’année, le secteur de l’habillement a vu son activité ralentir de plus de 25 %. Des milliers d’emplois sur la sellette et des stocks particulièrement élevés, un constat alarmant pour ces commerçants qui prévoient une baisse d’autant plus importante d’ici septembre. « C’est la dernière chance pour les commerçants d’écouler leurs stocks après une saison qui a été particulièrement difficile. » De plus, les Français restent encore sur leurs gardes. Par « précaution », des cabines d’essayage ont été fermées. Malgré un protocole sanitaire renforcé au sein des magasins, les clients restent prudents et plus d’un Français sur quatre ne compte pas profiter des soldes cette année. Face à une situation qu’il ne juge « pas complètement raisonnable », Laurent Milchior, le président d’Etam, déclare : « On a tous une responsabilité, chefs d’entreprise et citoyens, de faire en sorte que le virus ne circule pas. Les soldes, c’est un système de volume, il faut qu’il y ait beaucoup de monde dans les magasins pour que ça fonctionne. » Reste à voir si les acheteurs se feront discrets jusqu’au 11 août…
