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« LivePollen », l’application qui cherche à faciliter la vie des allergiques

par Mack Salman
Publié le 7 avril 2023 à 16:38

Lancée en juillet 2021, l’application « LivePollen » cherche à aider les personnes allergiques aux pollens en les informant en temps réel de leur présence dans l’air grâce à une nouvelle technologie. Un concept qui se développe également dans les Hauts-de-France.

C’est le retour du printemps, du soleil, des beaux jours… et des pollens ! Entre la saison du bouleau, de mars jusqu’à fin mai, et celle des graminées, de mai à juillet, la région des Hauts-de-France n’est pas épargnée par le phénomène. Aujourd’hui, on estime qu’au moins 30 % de la population française est concernée par une allergie aux pollens. C’est à partir de ce constat que Johann Lautier et Jérôme Richard, tous les deux touchés par ce problème, ont créé Lify Air pour développer l’application « LivePollen », sortie il y a environ un an sur iOs et Android. « En France, il n’y avait même pas un point de collecte par département et les relevés étaient hebdomadaires. Or, on sait aujourd’hui que les pollens présents dans l’air peuvent énormément changer d’un jour à l’autre avec le vent, la température ou l’ensoleillement par exemple », explique Johann Lautier, ingénieur chimiste de formation. « Dans chaque ville où l’on s’implante, nous en installons à peu près cinq afin de couvrir un périmètre le plus large possible ainsi que pour montrer à nos utilisateurs les disparités d’exposition aux pollens dans chaque zone. »

Une implantation progressive dans la région

Présente dans une quarantaine de territoires sur l’ensemble de l’Hexagone, l’application est aussi active dans les Hauts-de-France. La ville de Dunkerque, la communauté d’agglomération de Lens-Liévin dans le Pas-de-Calais, la communauté de communes des Sablons dans l’Oise font partie des territoires moteurs dans son développement et possèdent entre trois et cinq capteurs chacune. « Avec trois capteurs pour 38 000 habitants, nous avons une meilleure visibilité sur la qualité de l’air », explique Vanessa Rolland, responsable environnement à la communauté de communes des Sablons. « Il était important pour les Dunkerquois de connaître les pollens qui circulent près de chez eux étant donné le nombre d’allergiques dans la région », insiste, de son côté, Jean-François Montagne, adjoint au maire de Dunkerque. « Environ 1 000 personnes de l’agglomération l’ont téléchargée et peuvent prendre leurs précautions afin d’anticiper leurs sorties. » Grâce à un partenariat avec la société Véolia, « LivePollen » est également présente à Lille.

Une technologie 100 % française

« Avec le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), nous avons développé la technologie présente dans nos capteurs », ajoute Johann Lautier. « Un laser éclaire le flux d’air qui passe dans nos machines et permet de reconnaître les signatures lumineuses qui diffèrent selon le type de pollen présent. » Une technologie qui marche. D’après une première étude réalisée par Lify Air auprès d’une centaine d’utilisateurs de l’application, 60 % se disent mieux informés, 40 % affirment avoir changé leur comportement lorsqu’ils ont observé une présence de pollens et 25 % ont même observé une réelle baisse de leurs crises allergiques.

3 questions à… Éric Fromentin, allergologue à Lille

Comment avez-vous pris connaissance de cette application ? Je suis moi-même le co-créateur d’une application pour suivre les traitements de personnes allergiques (Drago, ndlr), donc j’ai rapidement pris connaissance de ce projet, car nous sommes sur la même problématique. Il y a très peu d’alternatives à la détection hebdomadaire classique qui ne couvre pas beaucoup de territoires. Sur la fiche de période de pollinisation que je donne à mes clients, elle est présente avec les sites de référence comme le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). C’est la seule source qui permet de s’informer en temps réel là où elle est implantée.

Qu’est-ce que cette application peut apporter à vos patients ? Ils peuvent être touchés différemment à l’arbre près. C’est pour cela qu’il est important de pouvoir consulter les relevés en direct. Ils pourront alors anticiper la prise de médicaments en amont d’une sortie avec exposition aux pollens auxquels ils sont allergiques ou faire des choix, en fonction. Par exemple préférer une séance de sport à l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur en cas de présence de pollens. L’identification précise de certains d’entre eux à des moments précis peut également permettre d’identifier avec exactitude à quels pollens ces personnes sont allergiques en sachant que certains symptômes correspondent à plusieurs pollens différents.

C’est un concept qui pourrait être développé davantage d’après vous ? Les allergies aux pollens touchent presque un Français sur trois, et, en 2050, ce sera 50 % de la population si le réchauffement climatique continue de progresser. Plus le maillage est serré au niveau des capteurs, plus les informations peuvent être utiles à mes patients. Le modèle est intéressant et pourrait rendre de bons services aux bassins de population dans toute la région. Une personne peut être embêtée à Berck et pas à Saint-Paul, par exemple, car les pollens observés sont très différents et l’application pourrait permettre d’anticiper cela.

Propos recueillis par Mack SALMAN

Ambre, 15 ans, lycéenne à Lille « J’ai toujours été allergique aux pollens quand l’été approche avec des éternuements, le nez qui coule ou encore les yeux qui gonflent. Une application comme celle-ci pourrait me permettre d’éviter certains endroits où le pollen serait présent massivement en ville, même si j’ai pris l’habitude de ne pas approcher des arbres à cette période-là. Je ne suis pas encore allée consulter un allergologue. Mais si j’utilise cette application, je pourrais peut-être déjà savoir à quels pollens je suis précisément allergique et me pousser à aller consulter pour avoir rapidement le bon traitement. »

Sabrina, 40 ans, coordinatrice socio-professionelle à Douchy-les-Mines « Je suis allergique à beaucoup de choses, dont notamment le pollen et particulièrement à celui des bouleaux. J’y réagis beaucoup avec des éternuements, les yeux qui pleurent et cela peut aller jusqu’à la crise d’asthme. J’ai entendu parler de cette application via les réseaux sociaux, mais je ne m’y suis pas attardée tant que ça car je trouvais que celles que j’avais avant fonctionnaient mal. Après, si elle s’installe dans ma ville et que je peux savoir exactement quel pollen se trouve en grande quantité dans l’air, je pourrais peut-être m’adapter car pour l’instant mon indicateur, c’est mon nez. »