Des files interminables et une attente d’environ 30 minutes, voire plus, pour faire le plein. Avec parfois la surprise de constater au dernier moment que le carburant souhaité n’est plus disponible. C’est ce qui arrive à de nombreux automobilistes en France et particulièrement dans le Nord et le Pas-de-Calais. C’est à tel point que le préfet du Nord a pris un arrêté pour réguler la distribution en interdisant ou en limitant la vente dans des jerricans et en utilisant des stocks stratégiques pour réapprovisionner les stations. À la CGT de Flandre (Dunkerque), Benjamin Tange est certain d’une chose : « la remise de 20 centimes accordée par TotalEnergies n’a pas eu de conséquence sur les approvisionnements. C’est bien le mouvement social national déclenché le 27 septembre qui entraîne les problèmes de livraison des stations. » À Flandre, aucune goutte d’essence ou de gasoil ne sort du dépôt depuis plus d’une semaine.
Un mouvement qui s’enracine
Au huitième jour de grève, ce mercredi 5 octobre, rien n’était réglé et le délégué syndical central UES Raffinage Pétrochimie ne cachait pas son pessimisme : « on voit que c’est un mouvement qui s’enracine. Les responsables de la direction refusent de négocier et veulent attendre l’ouverture de la NAO (négociation annuelle obligatoire) à la mi-novembre. Mais l’inflation est bien là. Nous n’allons de toute façon pas discuter sur ce qu’il va se passer en 2023 avant de régler nos demandes de revalorisation salariale de cette année. Entre 2017 et 2022, nous avons perdu 9% de notre pouvoir d’achat alors que la direction vient de décider de distribuer 2,6 milliards de dividendes supplémentaires aux actionnaires. Au total, ces dividendes s’élèvent à environ 10 milliards d’euros. » Selon Benjamin Tange, ces 10 milliards permettraient d’augmenter chacun des 35 000 salariés de 300 euros par mois pendant 13 ans !
Salaires, embauches et investissements
La CGT réclame une revalorisation des salaires de 10% pour 2022 pour rattraper la hausse des prix. Elle veut un dégel des embauches parce qu’il y a des carences dans l’organisation de plusieurs sociétés avec des surcharges de travail et une dégradation des conditions de travail. Le syndicat revendique donc l’embauche en CDI des salariés actuellement en CDD et des intérimaires. Enfin, l’organisation syndicale réclame un plan massif d’investissement. « Les bénéfices doivent être réinjectés dans un projet industriel sérieux ». Au contraire, on constate actuellement de nombreux incidents techniques en raison de l’insuffisance de la maintenance, déplore-t-elle. À Dunkerque, 80% des salariés sont en grève. Le mouvement a été décidé par les salariés postés et qui travaillent en 3x8 continu. Plusieurs salariés travaillant à la journée ont rejoint la grève. Les autres raffineries touchées sont celles de Normandie (Gonfreville et Oudalle), de Martigues et l’ancienne raffinerie de Grand Puy. Mais les salariés de TotalEnergies ne sont pas isolés. Ceux du groupe Exxon sont également en grève.