« Physiquement tout va bien, et pour la récolte, on s’en sort bien. » Cela fait déjà plusieurs années qu’Anaïs Blanchatte cultive les 4 000 m2 de terres familiales à l’aide de son compagnon, Denis, à La Bassée. Ses fruits et légumes sont cultivés naturellement, sans produit phytosanitaire, comme le faisaient ses grand-parents « qui ont toujours eu un potager, même s’ils travaillaient 90 h par semaine à la mine » comme elle aime à le rappeler. Elle vend d’ailleurs aussi ses plants pour inciter les habitants à cultiver eux-mêmes leur potager. « Les commandes de plants ont doublé, on est content ! Il y a sans doute un “effet Covid” qui fait que les gens jardinent plus » précise Anaïs. Malheureusement, la « fête des plants » prévue le week-end des 9 et 10 mai a, elle, dû être annulée et sera remplacée par un retrait sur commande, directement à la ferme.
Au début de l’épidémie, elle a cependant eu un peu peur puisque la vente de plants a d’abord été interdite, tout comme la vente au marché et à la gare où elle avait réussi à établir un point de vente le vendredi soir avec l’accord de la mairie. « Le marché de La Bassée a réouvert il y a trois semaines, pile au moment où sortaient nos premières salades ! » Une chance, leurs ventes n’ont donc pas été trop touchées. Sur place, Anaïs porte masque et gants, les commerçants sont bien séparés et un sens de circulation a été établi par la mairie. « On interdit également aux clients de toucher les légumes. En fait, on a renforcé des mesures qu’on appliquait déjà. » Pour ce qui est de la vente à la ferme, elle a été transformée en un « drive fermier » le dimanche matin. « Et pour les personnes âgées qui ne peuvent pas trop se déplacer, on fait quand même quelques exceptions avec des livraisons. » Côté plantations, Anaïs et Denis disposaient d’un stock de graines et de matériaux suffisant, ce qui leur permet de ne pas être trop touchés. « C’est différent pour certains de nos collègues », précise-t-elle cependant.
La productrice remarque également que la demande est plutôt en augmentation, sans doute grâce à la prise de conscience des citoyens : « Les gens se rendent compte que les producteurs locaux existent. » Elle ne s’inquiète donc pas tellement pour l’avenir de son exploitation « mais plutôt pour l’avenir de la communauté et du territoire local sur le long terme ». « À notre échelle, on ne peut pas faire grand chose malheureusement, déplore-t-elle, c’est plutôt au maire d’y réfléchir. On pourrait par exemple imaginer la création d’une régie agricole communale, comme à Mouans-Sartoux (06) où des maraîchers sont embauchés par la mairie pour cultiver les terres de la commune et fournir les cantines scolaires en produits frais. C’est un beau projet qui collerait bien à la situation de notre territoire. » Une idée à creuser pour le monde d’après ?
Vous pouvez retrouver Anaïs tous les jeudis au marché de La Bassée. Pour le drive fermier, renseignements sur sa page Facebook.