Séverine Delattre, secrétaire générale de la CGT du C.H. de Calais (ph. Liberté Hebdo)
Centre Hospitalier de Calais

Premiers acquis, mais insuffisants, de la grève des urgentistes

par Etienne Alain
Publié le 23 décembre 2022 à 07:55 Mise à jour le 22 décembre 2022

Il aura fallu deux semaines d’une grève résolue des urgentistes du Centre hospitalier de Calais pour que la directrice de l’établissement commence à satisfaire aux règles minimales de fonctionnement des Urgences. Une semaine et une forte poussée du syndicat CGT (+ 5%) aux élections professionnelles où il remporte 65% des suffrages. Pourtant la directrice n’avait pas ménagé ses efforts durant la campagne électorale, expliquant à qui voulait l’entendre (ou pas) que les agents hospitaliers ne bénéficiaient pas de tous les avantages du Ségur de la Santé « car le syndicat majoritaire » refusait de le signer. Un mensonge puisque le Ségur s’applique dans la mesure où les syndicats FO, CFDT, UNSA l’ont signé. Ce que la CGT a refusé de signer, ce sont les nombreuses contreparties antisociales du Ségur où domine le « travailler beaucoup plus pour peut-être gagner plus » sans répondre aux besoins de créations d’emplois et d’amélioration des conditions de travail. Ce sont d’ailleurs ces deux dernières revendications qui ont suscité la grève des Urgences au C.H. de Calais lancée par la CGT et la CFDT.

Quelques créations de postes

Cette semaine encore il suffisait d’un coup d’œil pour comprendre qu’à nouveau le service était débordé. Dans le coin, à droite, une bonne dizaine de mamans et futures mamans attendaient. « Elles en ont pour trois heures d’attente au moins ; les trois boxes sont occupées » expliquait un agent qui râlait car la directrice venait de passer souriante en lançant « ben, ça va ... ». « Nous poursuivons le mouvement, au moins jusqu’au 31 décembre car la direction ne répond toujours pas aux besoins minimum des agents et des patients, même si elle a cédé un peu pour ne même pas être aux normes » explique Séverine Delattre, la secrétaire générale de la CGT. « Nous avons obtenu 2,8 postes de brancardiers et 2,8 postes d’agents de médiation [1], soit presque 6 créations d’emplois ainsi qu’un second infirmier d’accueil. Mais s’il est absent, il n’est pas prévu de le remplacer ».

La détermination des grévistes

Pour la CGT, «  le compte n’y est toujours pas », et de désigner la salle d’attente des Urgences où, deux heures après le début de notre discussion les mêmes personnes sont toujours à se morfondre sur un banc. « La direction attend les fêtes de fin d’années, que ça se tasse. Elle essaie de nous entraîner sur d’autres terrains comme l’interdiction du vernis à ongles et des bagues au travail... Mais elle a tort » prophétise la syndicaliste qui dit les signes d’encouragement et la compréhension des patients pour les grévistes. « Nous affichons des panneaux d’information sur les raisons de notre mouvement, que les dirigeants enlèvent car ils craignent que patients et agents hospitaliers se rejoignent dans la revendication  ». Un contexte que la direction devrait prendre en considération pour s’éviter des vœux d’année nouvelle légèrement mouvementés.

Notes :

[1agent de médiation : son rôle consiste à être présent à l’accueil des Urgences, à se montrer disponible pour répondre aux personnes qui attendent, à aller au-devant d’elles, à organiser au mieux leur accueil, à informer et rassurer les familles.