Salaires et pouvoir d’achat

Quand les porte-monnaie ne suivent plus…

par JEAN-LOUIS BOUZIN
Publié le 28 octobre 2022 à 12:40

Au vu de l’inflation à deux chiffres des prix des produits de consommation courante, l’augmentation jusqu’à 10 % des salaires raclamés, apparaît complètement justifiée.

Chauds, très chauds les prix... L’Insee vient de confirmer officiellement ce que chacun, faisant ses courses, constate avec inquiétude en refaisant son compte à la sortie du magasin, ticket de caisse en main : les prix s’envolent. Et les porte-monnaie ne suivent plus ! Ils s’envolent bien plus haut même, ces prix, que le chiffre global de 5,6 % avancé par l’Insee ne le laisse penser. Ce chiffre ne rend pas compte, à vrai dire, des hausses bien plus élevées frappant les produits les plus souvent consommés. Ainsi, l’ensemble des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées ont vu leurs prix moyens progresser de 10,6 %. La farine a augmenté de 21,9 %, les pâtes de 20,4 %, la volaille de 15,8 %, le beurre de 17,4 %, la margarine de 23,5 %, le café de 12,1 %. Tous ces chiffres sont ceux de l’Institut national de la Statistique, donc incontestables. Ils montrent l’importance de la perte de pouvoir d’achat de ceux qui n’ont, pour vivre, que leur salaire, leur retraite ou leurs allocations, certes parfois augmentées mais dans des proportions tellement plus limitées. Evidemment, les hausses de prix les plus marquantes se retrouvent dans le secteur de l’énergie. Dans ce domaine, en septembre 2022, les tarifs avaient augmenté en moyenne de 17,9 % sur un an, la hausse la plus spectaculaire étant celle du fioul : 71,1 % ! Bouclier tarifaire ou pas, les prix du gaz ont cru de 30,4 %, les produits pétroliers de 18,7 %, les tarifs de l’électricité de 10,7 %. Ce n’est pas tout. l’Insee note que les tarifs de vente des petits appareils électroménagers ont eux aussi augmenté de façon importante : 10,8 % sur un an. Un grille-pain coûte 16,1 % plus cher qu’il y a un an, une cafetière 14,9 %, un ventilateur 12,4 %. L’indice de l’UFC-Que Choisir portant, lui, sur les prix pratiqués en grande surface, a mesuré à 12 % l’inflation dans ce secteur par rapport à octobre 2021 : du jamais vu depuis 1990, la dernière poussée de fièvre datant de 2008 où l’inflation alimentaire avait alors « à peine » dépassé 6 %. Dans les grandes surfaces, ce sont les produits laitiers qui trinquent le plus : 16 % d’augmentation. Les produits frais et les produits d’épicerie les suivent de près avec une hausse de 13 %.

Mieux lotis que les autres ?

Certains commentateurs avisés n’en considèrent pas moins que « la situation est relativement clémente pour les consommateurs français, comparé à leurs voisins européens où l’inflation alimentaire est de 15,5 % en Allemagne, de 13,8 % en Espagne et de 10,7 % en Italie  ». Sauf que ces commentateurs oublient de préciser que les augmentations de salaires en France ont tendance à être moins élevées qu’ailleurs. Selon l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), au premier trimestre 2022 les salaires réels ont chuté de 1,9 % en France, alors qu’ils ont augmenté de 0,3 % en Italie et baissé de seulement 0,2% au Royaume-Uni. En Belgique, les salaires sont indexés sur l’inflation (les autorités aimeraient bien remettre en cause cette conquête des salariés belges). Pourquoi la France ne suivrait-elle pas l’exemple de nos chers voisins d’outre Quiévrain ?