Vaccin

Sanofi : Un discret parfum de scandale

par Philippe Allienne
Publié le 19 février 2021 à 17:08

Un vaccin dont la mise au point prend des mois de retard, une augmentation des dividendes hallucinante, des suppressions de postes dans la recherche. En pleine pandémie, et à part ses actionnaires, Sanofi ne se fait pas beaucoup d’amis.

Un vaccin mis au point par le laboratoire Pfizer qui est lancé dans les délais et qui semble répondre aux attentes (mais qui recèle des contraintes, notamment en termes de température), un vaccin mis au point par l’anglo-suédois AstraZeneca, moins contraignant, mais qui passe pour un produit de seconde zone, et enfin un vaccin attendu mais qui arrivera en retard, celui du français Sanofi. Avec de nombreuses questions liées à sa stratégie financière et à sa politique sociale. Pour expliquer le retard du vaccin, le PDG de Sanofi, Paul Hudson, assure que l’entreprise a fait le choix assumé d’une plateforme sûre et à l’efficacité prouvée. « Ce vaccin, déclare-t-il au Journal du Dimanche, jouera un rôle important dans la protection de millions de gens en Europe et ailleurs.  » Il assure par ailleurs que la nouvelle phase des essais cliniques doit démarrer sous peu. Elle porte sur un vaccin à protéines recombinantes, développé en partenariat avec GSK. Il devrait être disponible pour la fin de l’année seulement. En attendant, dit le PDG, Sanofi a accepté d’aider Pfizer-BioNTech à produire son vaccin (en quantité insuffisante). Quant au vaccin à ARN de Sanofi, il ne sera pas prêt cette année. Sanofi compte pouvoir l’utiliser plus tard contre les différents variants du coronavirus.

Baisse des emplois, hausse des dividendes

La méfiance que suscitent les labos (ou les big pharmas) depuis de nombreuses années, n’est pas près d’être érodée grâce à Sanofi. Non seulement le retard du vaccin passe mal, mais l’entreprise va distribuer un versement de plus de 4 milliards d’euros à ses actionnaires. Cela représente un dividende de 3,20 euros par action. Lors de l’exercice précédent, il s’élevait à 3,15 euros. Mais tandis que ce chiffre est révélé par les organisations syndicales, on sait que Sanofi supprime 400 emplois dans la recherche et développement. L’an dernier déjà, il avait annoncé 1 700 suppressions de postes dont un millier en France. Là aussi, le secteur de la recherche était particulièrement visé. En 12 ans, le laboratoire aura supprimé 10 000 emplois. Alors pourquoi avoir versé ces dividendes aux actionnaires ? Pour garder la confiance des investisseurs, répond Paul Hudson. Cette confiance, selon lui, est indispensable pour que Sanofi puisse être en mesure de continuer à financer la recherche ! CQFD. Il n’en demeure pas moins que le labo qui prend près d’un an de retard sur son calendrier a généré en 2020 un chiffre d’affaires de 36 milliards d’euros (+ 3,3 %). La production de vaccins a joué un grand rôle dans ce chiffre, mais il s’agit ici de vaccins contre la grippe.