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Prix du lait

Sébastien Jumel pousse un coup de gueule et interpelle le ministre de l’Agriculture

Publié le 9 septembre 2022 à 16:35

Député communiste de la Seine-Maritime (6e circonscription), Sébastien Jumel s’emporte sur le prix du lait et apporte son soutien aux éleveurs.

Vendredi 2 septembre, l’ancien maire de Dieppe s’est rendu dans l’hypermarché Auchan de cette ville pour apporter son soutien aux éleveurs laitiers du pays dieppois qui ont mené avec leurs syndicats FNSEA et Jeunes Agriculteurs une action organisée et tranquille de contrôle des prix sur le lait et ont été reçus par le directeur du magasin avant de remettre les packs de lait à la Soupe des bénévoles. Il estime que, « comme dans les autres grandes surfaces et magasins discount, un prix du litre de lait à 78 centimes pour le consommateur ne permet pas aux producteurs de couvrir leurs coûts de production. Avec ce prix dans les rayons, l’éleveur, lui, ne perçoit que 38 centimes ou, dans le meilleur des cas, autour de 40 centimes alors que les coûts de production (énergie, aliments…) n’ont cessé d’augmenter, plus encore depuis le début de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine. » Cela fait des années que la question du prix du lait est sur la table. Les lois Egalim 1 et 2, censées permettre des prix rémunérateurs et dignes pour les agriculteurs, n’ont rien réglé. Le député n’avait pas manqué de le souligner lors des débats à l’Assemblée nationale. « On ne s’est pas donné les moyens de garantir des prix rémunérateurs et la loi, louable dans ses intentions, reste impuissante à obliger la grande distribution et l’industrie de transformation à garantir une rémunération décente et économiquement viable aux producteurs. Aujourd’hui, la situation n’est plus tenable. Sans un prix du lait qui couvre les coûts de production, l’élevage recule, les ateliers laitiers ferment et, compte tenu de la charge de travail, 7 jours sur 7 plus de 75 heures par semaine sur l’exploitation, les jeunes sont dissuadés de s’engager dans la voie de l’élevage. »

La situation n’est plus tenable parce qu’elle conduit à une offre de lait qui devient insuffisante avec à termes des importations et un recul de notre souveraineté alimentaire. La situation n’est pas tenable y compris au regard des enjeux climatiques, environnementaux et paysagers : le recul de l’élevage entraîne des retournements de pâtures, des pâtures qui stockent pourtant le carbone et assurent la biodiversité. « J’ai maintes fois porté ce sujet à l’Assemblée nationale, répète Sébastien Jumel. Je vais saisir le nouveau ministre Marc Fesneau pour l’inviter à venir se rendre compte sur place de la situation des éleveurs laitiers au moment où de nouvelles négociations avec les centrales d’achats doivent s’engager. Les discours sur la souveraineté alimentaire, c’est bien, mais les actes c’est mieux. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités vis à vis des éleveurs et des enjeux de souveraineté alimentaire, comme il devrait également agir pour les salaires.  » Comme le soulignait ce vendredi 2 septembre Franck Grémont, producteur laitier à Gouchaupré-Petit Caux et responsable syndical qui tirait le signal d’alarme : « Les négociations c’est bien, mais à un moment il faut du concret. Il faut arrêter de se foutre de notre gueule ».