Il est méconnaissable derrière sa visière. Romain, 27 ans, est responsable d’une boutique pour une chaîne de boulangerie. La sienne est fermée car située au plein cœur d’un centre commercial fermé pour cause de confinement. « Les quinze premiers jours, toutes les boutiques étaient fermées. Toute l’organisation a été revue. » Il est resté à la maison, moitié en chômage partiel, moitié en congés payés, rongeant son frein. Il n’est pas mécontent d’avoir été rappelé pour venir travailler sur un autre site implanté à l’entrée d’un centre commercial bien connu des Villeneuvois.
La fabrication n’a pas lieu sur place mais la boulangerie est livrée tous les jours. Le coin repas est bien entendu fermé. Les petits pains et autres viennoiseries sont toujours cuits sur place et la vente à emporter continue. Dans ce lieu qui est d’habitude géré par une quarantaine de salariés, ils ne sont que trois tant le volume d’activité est réduit. La fréquentation, et le chiffre d’affaires, ont été divisés par cinq ou six. Mais néanmoins, la clientèle de passage vers l’hypermarché, les salariés de la zone commerciale et les habitants des immeubles de ce quartier très peuplé sont ravis d’avoir retrouvé un lieu où trouver leur pain à proximité.
« La seule difficulté, dans ce contexte particulier, était de faire accepter le paiement par CB sans contact. Les clients n’ont pas forcément l’habitude, surtout les personnes âgées » explique-t-il en souriant derrière sa visière. En plus des vêtements professionnels, masques et visières complètent la tenue. Des barrières en plexiglass séparent les clients des employés et du comptoir. Une file d’attente, que les clients respectent scrupuleusement, est balisée par des cordons.
Pas de pénurie donc dans les boulangeries et les souris n’ont pas pris le contrôle des fournils ! En attendant, le jeune salarié regrette surtout de ne pas pouvoir défiler le 1er mai. « Pas de manifestations, pas de muguet, pas de fête de la soupe à Wazemmes. Le Covid-19 nous vole le 1er mai » rage-t-il un peu. Il a déjà préparé ses couleurs pour pavoiser les fenêtres chez lui.