- Denis Gravouil (CGT) dénonce (sur France Inter) une politique « scandaleuse »,se disant « opposé au principe » d’une réforme qui risque de « changer la nature de l’assurance-chômage ». « On est en train de se servir de l’assurance-chômage pour obliger le plein emploi, obliger des chômeurs à prendre des boulots extrêmement dégradés, mais derrière c’est le plein emploi précaire », résume Denis Gravouil qui se dit, en outre, « sceptique » sur la capacité du gouvernement à augmenter la durée d’indemnisation en cas de remontée du chômage. Selon lui, cette réforme ne résoudra pas les difficultés de recrutements de certains secteurs liés au niveau de salaire et aux conditions de travail. « L’assurance-chômage est un filet de sécurité, un revenu de remplacement, ce n’est pas une variable d’ajustement pour obliger les salariés à prendre des emplois pourris », conclut-il, tout en plaidant pour davantage de formation et une indemnisation longue.
- Laurent Berger(CFDT) juge (sur Franceinfo) que conditionner la durée des versements à la conjoncture économique serait « totalement inefficace et dogmaique ». Selon lui les freins à la reprise d’emploi sont pour « 30%, l’inadéquation entre la formation et le besoin d’emploi ; deuxièmement, un problème d’attractivité des métiers ; et le troisième, c’est que les emplois ne sont pas forcément disponibles aux endroits où sont les demandeurs d’emploi ». Lors de l’entrée en vigueur de la pré-cédente réforme en 2021, le gouvernement « s’était engagé à ne pas toucher au capital de droits », a-t-il rappelé. Pour rappel, l’indemnisation avait été réduite pour cer-tains demandeurs mais en contrepartie la durée allongée.
- La CFE-CGC juge que « les mesures prises, sous un discours de pseudo rationalité incitative au retour à l’emploi, cachent en fait une volonté forcenée (...) de faire des économies ». A noter que l’Unédic a évaluées ces « économies » à 4 milliards d’euros par an.
- Pour Michel Beaugas(Force Ouvrière), « Tout le monde voit ses droits baisser, c’est un scandale ».
- Hubert Mongon (Medef) salue une réforme qui permet « d’aller dans le bon sens » vers le retour à l’emploi.
- Éric Chevée (Confédération des petites et moyennes entreprises) estime que les dispositions annoncées « complètent utilement » les dispositifs d’assurance chômage.
Ce n’est pas qu’un détail... Lorsque les dé-putés macronistes et de droite LR ont adopté, le jeudi 17 novembre, le projet de loi gouvernemental portant réforme de l’assurance-chômage, ils l’ont fait sans connaître le contenu exact des nouvelles règles d’indemnisation ! Ces règles n’ont été précisées que quatre jours plus tard, c’est à dire ce lundi, par le ministre du Travail. Les parlementaires ont donc voté en faveur du seul principe de réduire les droits des demandeurs d’emploi en même temps qu’ils signaient un chèque en blanc à l’exécutif l’autorisant à décider seul et directement par décret du sort des chômeurs. Non seulement, le gouvernement ne tient aucun compte de l’opposition unanime des syndicats à sa réforme, mais il s’arroge, en plus, le droit de s’assoir sur les instances chargées normalement de gérer l’assurance chômage. « Ce texte est un véritable hold-up sur la gouvernance de l’assurance-chômage, avec un gouvernement qui, malgré les consultations, décidera en lieu et place des partenaires sociaux qui ont normalement la responsabilité de sa gestion » a déclaré le député communiste Pierre Dharréville. Les parlementaires de l’inter-groupe de la Nupes ont d’ailleurs déposé un recours devant le Conseil constitution-nel pour contester le fondement même de la réforme.