Les Alchimistes Hauts-de-France se veulent le lien entre les villes, productrices de déchets et les campagnes qui ont besoin de fertilisant. Pour ce faire, l’entreprise collecte les déchets organiques des villes et les transforment en compost naturel. « On cible les déchets diffus, ceux des poubelles grises qui sont destinés à être incinérés. On va ensuite digérer naturellement toute cette matière organique qui va servir à enrichir les sols. Cela permet de réduire l’empreinte écologique en renonçant par exemple aux engrais chimiques », explique Foucauld Watine.
Un constat de départ alarmant
D’autant plus que le gisement est considérable : selon l’Ademe (Agence de la transition écologique), la France produit 10,5 millions de tonnes de déchets alimentaires par an et 70% sont aujourd’hui enfouis ou incinérés. Ces déchets sont constitués majoritairement d’eau et sont riches en azote, phosphate et potassium, des nutriments, bénéfiques aux sols. « Tous les jours, nous brûlons donc de l’eau et des engrais naturels. C’est un gaspillage de ressources que l’on peut éviter, d’autant plus qu’il contribue à polluer la planète. Et, pour nourrir nos sols, nous importons des doses massives d’engrais chimiques, regrette Foucauld Watine. On peut inverser la tendance et transformer tout cela en cercle vertueux. »
Une transformation en compost enrichi
L’entreprise collecte les déchets directement auprès des acteurs de la restauration et des collectivités et commencent à traiter ceux des habitants. A Lille, ce sont 10 000 habitants qui y participent. Des points d’apport volontaire ont été mis en place chez des commerçants partenaires. « Nous équipons les habitants en sceau ou en sac compostable, renseigne le cofondateur. Une à deux fois par semaine, ils se rendent au point d’apport et dépose le contenu de leur sac. Nous récupérons tout ce qui est alimentaire, des épluchures de fruits et légumes, le reste des assiettes, que ce soit des œufs, du fromage, du beurre, du poisson ou de la viande. » Ensuite, les déchets collectés sont déposés à Lille Saint-Sauveur ou à Santes, selon la quantité. « Nous allons les peser, les inspecter via une table de tri et ajouter du broyat de bois. Tout ce mélange va naturellement fermenter et trois mois plus tard, il est riche en nutriments utiles aux champs. » Cet engrais naturel est ensuite revendu aux agriculteurs, maraîchers locaux et au détail pour les particuliers dans des magasins de proximité.
Retour à la terre
Chaque mois, ce sont ainsi 60 tonnes de déchets qui sont collectées et transformées en 12 tonnes de compost. Pour Foucauld Watine, cette valorisation est utile : « Ces déchets étaient voués à être incinérés. La valorisation en matière enrichie permet un retour à la terre. » La boucle est ainsi bouclée. Cependant, aujourd’hui, il reste 600 000 tonnes de déchets alimentaires détruits chaque année en Hauts-de-France. Les Alchimistes Hauts-de-France continuent de se développer dans la région notamment via l’installation d’un centre de collecte et de tri prochainement à Roubaix et des projets d’extension au bassin minier.
