LIBERTE HEBDO. Les séquelles de la désindustrialisation, du chômage de masse, de la perte d’une certaine dignité, demeurent fortes dans les Hauts-de-France. Le monde du travail semble hésiter entre l’abstention (la région a été la plus abstentionniste de France sur la séquence électorale de 2022), et le vote RN qui d’année en année y confirme son ancrage (20 députés RN élus en 2022). Comment la CGT peut-elle contribuer à y faire face ?
Sophie Binet. Les politiques libérales ont une lourde responsabilité dans l’état actuel de nos territoires. Tout a été fait pour favoriser la désindustrialisation :
- aides publiques massives aux entreprises, notamment aux grands groupes sans aucune condition ni contrôle,
- lois facilitant la précarité, les licenciements et les destructions d’emplois, fragilisation des services publics notamment des baisses drastiques et aveugles du financement de la protection sociale (retraites et santé notamment),
- les dispositifs de solidarité nationale affaiblis via là aussi des baisses très importantes du financement. Le Rassemblement national ne propose en réalité pas autre chose que cette continuité du libéralisme. Pour preuve, le patronat a changé de discours vis-à-vis du RN et tente d’en faire une alternative acceptable. Le syndicalisme, notamment la CGT, a toujours été au rendez-vous pour dénoncer cette imposture et faire barrage au Rassemblement national. La bataille et les propositions pour l’emploi, les salaires, les services publics, contre toutes formes de dumping social entre les salariés et pour l’égalité effective des droits, notamment entre les femmes et les hommes, pour des garanties sociales de haut-niveau, constituent le rempart contre toutes les formes d’instrumentalisation visant à opposer les travailleuses et les travailleurs entre eux.