Photo d'archives/Liberté Hebdo 2018
La CGT et le dossier Ascoval

Des salariés replongés dans l’incertitude du lendemain

Publié le 10 décembre 2021 à 18:01

À l’usine Ascoval de Saint-Saulve, la CGT ne se montre pas rassurée. Après la menace par l’allemand Saarstahl de délocaliser 40 % de la production en Allemagne (pour des raisons de coût énergétique et au mépris de la pollution), le conseil régional des Hauts-de-France a effacé la dette de huit millions d’euros. Mais il l’a fait dans une « totale opacité », dénonce le syndicat qui réclame une maîtrise publique sur la stratégie.

Dans ce dossier, l’engagement de l’État sur des compensations face aux augmentations successives du prix de l’énergie, conséquences de la libéralisation de ce secteur, a amené le groupe Saarstahl à revenir sur son projet.

Instrumentalisation du dossier Ascoval

La CGT aligne ses arguments : Le premier constat est que le groupe Saarstahl, à peine quatre mois après le rachat, a pris en otage une fois de plus les salariés d’Ascoval dans un bras de fer politique. C’est véritablement scandaleux, d’autant plus quand on connaît les rebondissements subis par les salariés ces dernières années. Deuxième constat : il est clair que le dossier Ascoval est instrumentalisé par le gouvernement, qui veut en faire un emblème de sa politique industrielle, tandis que la désindustrialisation se poursuit dans le pays et démontre à l’inverse l’échec de leur politique soumise aux diktats. Il est tout autant instrumentalisé par l’Union européenne et l’a été par le président de Région lorsqu’il était candidat à la présidentielle. Ces nouveaux rebondissements du cas Ascoval (qui concerne aussi Hayange en Moselle, usine couplée à Ascoval dans un partenariat industriel et commercial) posent la question de l’utilité et donc de la contrepartie aux aides publiques. L’effacement de dettes de la Région, mais aussi celui du gouvernement lors de la transaction de rachat, renvoie dont bien à l’argent public, celui des contribuables.

En finir avec les délocalisations

On le voit dans la sidérurgie avec d’autres acteurs comme ArcelorMittal, ou dans bien d’autres domaines, les multinationales captent des fonds publics très importants (décarbonation, digitalisation, formation, etc.). Pour la CGT, il n’y aura pas de frein aux délocalisations, aux fermetures, au sous-investissement si, en contrepartie de ces aides, il n’y a pas d’ingérence des pouvoirs publics, l’État et les régions, dans les stratégies industrielles et sociales mises en place par les groupes, lesquels exercent dans le même temps une pression très forte sur les sous-traitants. Les annonces récentes de restructuration de Vallourec (fermeture des sites en Allemagne, avec mécaniquement un impact sur les sites français) amènent au même débat : le groupe Vallourec a bénéficié par deux fois (la dernière fois en 2016 par Emmanuel Macron, ministre de l’Économie) d’une recapitalisation par l’État. Des centaines de millions d’euros ont été injectés, et la direction de Vallourec annonce tranquillement la délocalisation de sa production européenne vers l’Asie et l’Amérique. Orchestré qui plus est par un fond financier américain, Apollo, qui a lui-même déstructuré Ascometal, dans nos aciers spéciaux !

Une nécessaire maîtrise publique sur la stratégie industrielle

Et la CGT de conclure : « Le fiasco de la politique industrielle française est là : aucune volonté politique d’intervenir sur les stratégies, ni de reprendre totalement la main sur des filières considérées comme stratégiques pour notre économie. Assez d’argent public dilapidé qui part dans les poches des actionnaires ! Nous exigeons que celui-ci permette non seulement, à l’État d’intervenir dans les choix stratégiques de l’industrie mais également les salariés dans le cadre d’une nationalisation démocratisée avec de nouveaux droits de contrôle et de décisions pour les salariés. » L’avenir de la sidérurgie, dans le département du Nord, est bel est bien une question politique, dont il faut s’emparer. Tout comme celui des autres secteurs, tels que la construction automobile, la construction ferroviaire, sans oublier l’énergie... La CGT exige que l’État s’engage en faveur d’une stratégie industrielle par une maîtrise publique, qui sauvegarde et développe emplois, qualifications des personnels, recherche et innovation, en s’appuyant sur des services publics !

(D’après un communiqué de la CGT)