ArcelorMittal

Gare à une double deuxième vague !

par Philippe Allienne
Publié le 30 octobre 2020 à 15:11

Face à un affaiblissement de la mobilisation, la CGT a décidé une pause dans le mouvement social qui secoue ArcelorMittal depuis le 7 octobre.

« Si rien ne vient, s’il n’y a pas d’avancées concrètes et mesurables, les directions s’exposent, comme dans cette crise sanitaire, à une deuxième vague. » Lorsque le mouvement a démarré, le 7 octobre, la tension atteignait son plus haut niveau sur les questions de la rémunération et des conditions de travail. Les salariés déploraient une dégradation liée au sous-investissement récurrent et au sous-effectif imposés par la famille Mittal. Les plus impactés sont les ouvriers, techniciens et agents de maîtrise (catégorie OETAM). Ils ont notamment subi l’amputation de la paie liée aux périodes de chômage partiel (84 % du net sont perçus sur les journées chômées). La CGT a dénoncé un abus du recours au chômage partiel sur plusieurs site, tandis que l’activité est fortement remontée, particulièrement pour les sites tournés vers le marché de l’automobile. « La captation des fonds publics pour le chômage partiel est effectivement un bon moyen d’abaisser substantiellement la dépense en salaires », dénonce le syndicat.

Mouvement inédit

Depuis le début de la crise sanitaire, la CGT réclame à la direction, quand l’activité partielle est clairement justifiée, de mettre le complément pour atteindre 100 % du salaire. Le groupe ne s’est quasiment pas arrêté durant la première vague de la crise sanitaire. Or, les salariés ont le sentiment de ne pas être récompensés pour les efforts fournis. Dans une démarche globale nationale au sein du groupe d’ArcelorMittal, la CGT a donc adressé par courrier le 25 septembre à la direction générale, portant cette double revendication : un prime de 2 000 euros et la couverture à 100 % du salaire en cas d’activité partielle. Ces revendications ont été rejetées le 2 octobre, provoquant le mouvement de grève à partir du 7. À noter que le mouvement avait démarré dès le 3 octobre sur le site de Mardyck. Il s’est ensuite étendu à celui de Dunkerque et sur ceux de Florange, Basse-Indre, Saint-Chély-d’Apcher ou encore dans les centres de service du groupe. Le mouvement a ainsi pris une ampleur inédite, même si la mobilisation a été inégale selon les sites ou les catégories de salariés. Elle a par exemple été davantage suivie en production.

Pourrissement

« La direction, affirme la CGT, a joué la carte du pourrissement, quitte à impacter les relations avec nos clients. Elle a orchestré ces derniers jours la division et le chantage à l’emploi. » Mais qu’ont rapporté ces semaines de mobilisation ? Si les revendications n’ont pas été satisfaites au moment où le mouvement est suspendu, la direction nationale et plu- sieurs directions locales ont été amenées à s’exprimer et à prendre des engagements pour la fin de cette année. Ainsi, des négociations salariales doivent-elles s’ouvrir au sein d’ArcelorMittal France (AMF) et d’Arcelor Méditerranée. D’autres sont imminentes, selon la CGT, sur les mécanismes d’intéressement. Le syndicat demande que les négociations sur les rémunérations, prévues début 2021, démarrent dans l’ensemble des entités par anticipation. Le sujet du chômage partiel de longue durée est quant à lui sur la table dans de nombreux sites du groupe. Les salariés sont donc très attentifs à ce qu’il va désormais se passer et aux avancées qui seront proposées. La CGT avait mis en place des caisses de grève. Celles-ci vont permettre de « recharger les batteries » dit-elle.

Règles sanitaires et télétravail Le Premier ministre a précisé que, durant le reconfinement, les usines continueront leur exploitation « dans le respect strict des protocoles sanitaires  ». C’est ce qu’espèrent en tout cas les salariés d’ArcelorMittal, à Dunkerque, qui viennent de mettre sur pause un mouvement social entamé le 7 octobre. « La question de la santé doit passer avant tout », dit le secrétaire de la CGT d’ArcelorMittal, Philippe Verbeke. Il se trouve que durant le conflit qui vient d’agiter l’entreprise (voir ci-dessus) le syndicat a fait intervenir l’inspection du travail pour contrôler l’organisation du travail et les questions liées à la santé. Sur cet aspect, Arcelor est semble-t-il à niveau. Pour le reste, dite Philippe Verbeke, le télétravail va se poursuivre. Il concerne environ la moitié des effectifs. Il y a bien eu une tentative de faire revenir les personnes concernées dans les bureaux (services juridiques, relations humaines, informatique, maintenance de jour...). Mais étant donné le contexte sanitaire, la recrudescence de l’épidémie et, pour finir, le reconfinement, le télétravail va reprendre de plus belle.