Reprise d’Ascoval et d’Hayange

« Je ne crois qu’en la force des salariés »

par Philippe Allienne
Publié le 30 juillet 2021 à 18:34 Mise à jour le 16 août 2021

Avant de partir en vacances, le secrétaire CGT d’Ascoval, Nacim Bardi, avoue son soulagement après l’accord de principe signé entre Liberty et l’Allemand Saarstahl. La transaction pour la reprise de l’aciérie Ascoval (Saint-Saulve) et de l’usine de rails Hayange, en Moselle, devrait être finalisée cet été.

S’agissant d’Ascoval, le feuilleton dure depuis des années, proposant surprises sur déceptions. Dernier épisode, le groupe Liberty Steel qui avait repris le site et celui d’Hayange il y a environ un an, faisait part de ses difficultés (dues à Greensill, la société financière dont il était client) dès le mois de mai, et cherchait à son tour un repreneur pour les sites du Nord et de la Moselle. Trois groupes se sont présentés : le sidérurgiste allemand Saarstahl, l’italien Beltrame et ArcelorMittal. C’est le 1er juillet que le ministre de l’Économie Bruno Lemaire et la ministre déléguée à l’Industrie Anne-Pannier-Runacher ont annoncé la signature d’un « accord de principe » entre Liberty Steel et Saarstahl. Pour l’intersyndicale de l’usine d’Hayange, il n’y avait pas photo. « Sans hésiter, a-t-elle réagi dans un communiqué, l’offre de reprise de Saarstahl est en tout point meilleure que celle d’Arcelor Mittal (...). C’est un groupe à taille humaine qui nous laissera une autonomie économique, sociale et industrielle. »

Nouvel acteur européen

Le ministre Bruno Le Maire parle quant à lui d’un accord « qui fait émerger un nouvel acteur européen, [ce qui] est une très bonne nouvelle pour l’avenir de la filière sidérurgique française et pour les salariés des deux sites. Il concrétise notre engagement sans faille auprès d’eux pour assurer la pérennité de leur emploi et de cette activité stratégique pour la France. » A Saint-Saulve, Nacim Bardi est du même avis, même s’il a appris à ne plus s’en laisser compter. «  je ne crois qu’en la force des salariés », dit-il. Et pour cause. Il y aura un an à la rentrée, l’équipe d’Ascoval avait su modifier l’outil de travail dans les délais pour être prête à produire les blooms, ces barres d’acier pour l’industrie ferroviaire (Hayange en premier lieu) et pour trouver de nouveaux clients. Bref, tout était prêt pour que le site puisse se redévelopper et envisager l’avenir sereinement. Aujourd’hui, explique le syndicaliste, la performance d’Ascoval est d’autant d’actualité que l’acier produit par le process des hauts-fournaux (ce que fait ArcelorMittal) va être remis en question pour des raisons environnementales. On va plutôt vers des filières électriques décarbonées.

4ème équipe et embauches

Autre source de satisfaction, l’allemand Saarstahl aurait proposé 3 millions d’euros pour l’achat des deux sites et 40 millions d’euros pour les investissements. A cela s’ajoutent 45 millions pour la reprise de la dette. « Nous avons affaire à de purs industriels et à des européens », se réjouit Nacim Bardi. Saarstahl est le troisième producteur d’acier en Allemagne. C’est donc l’esprit à peu près tranquille que les 270 salariés d’Ascoval et les 430 d’Hayange ont pu partir en vacances. A compter de fin août, l’usine de Saint-Saulve met en place une quatrième équipe et devrait embaucher.